Arnaud Jerald

En eaux très profondes

« Je suis fier d’être marseillais. Marseille est une ville de caractère et a un rapport à la mer un peu spécial de par son histoire et ses lieux d’exception. »

Par Mathilde Hingray

À l’âge de 7 ans, il décide de suivre son père lors d’une sortie de pêche sous-marine. « Au début, je restais en surface. Puis à 16 ans, mon père m’a fait découvrir l’apnée pure dans les calanques de Marseille. Il s’agissait de descendre sans harpon et de remonter le long d’un filin. J’adorais la sensation que cela me procurait. Je me suis dit qu’un jour j’en ferais mon métier. » Son premier stage avec le club Massilia Sub le conforte dans cette idée. « L’apnée est un voyage intérieur. Elle m’a permis de me découvrir et de prendre confiance en moi. En la pratiquant, j’ai commencé à vraiment respirer ! ». À 21 ans, il remporte son premier titre de champion de France et une médaille de bronze aux championnats d’Europe. Cette année-là, il atteint les -100 mètres en monopalme dans la rade de Villefranche. C’est le commencement d’un rêve à un âge peu commun. Les apnéistes qui performent ont en général entre 35 et 40 ans. « Ce qui m’a permis d’aller si loin, c’est de regarder les risques liés à ce sport en face, de bien m’entourer et de savoir dire non à des situations qui auraient pu me mettre gravement en danger. J’étudie chaque plongée. J’identifie les pensées qui me submergent, les ressentis et les gestes qui y sont associés. » Arnaud aime dompter son mental et se challenger. C’est le cas en 2019, à Charm el-Cheikh en Egypte, où il descend à 108 mètres de profondeur lors des championnats de Russie. Cet été, il retourne au Vertical Blue qui se déroule aux Bahamas. Il espère y battre son record avec une plongée supérieure à 122 mètres. A côté de ses performances, Arnaud partage son expérience et conseille des sportifs de haut niveau sur la partie respiration. Il a notamment accompagné Florent Manaudou pour les Jeux Olympiques de Tokyo, Charles Caudrelier pour le Vendée Globe et la Route du rhum, François Perrodo pour les 24 heures du Mans. Et on le croit bien volontiers quand il nous précise que « c’est toujours au mental que bénéficient le plus ces entraînements ». Une plongée en hauts très profondes, dont chaque mouvement fait penser à une danse, un art du corps et de l’esprit.