Sacha Sosno

SACHA SOSNO

 
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Le sculpteur d’origine lituanienne, né à Marseille, Niçois depuis l’enfance, se rêvait architecte. Il aurait voulu faire les Beaux-Arts. De ses désirs inassouvis sont nés une conviction, un talent, une signature.

Enfant, il avait Henri Matisse pour voisin. Le peintre ne voyait pas d’intérêt aux dessins que lui montrait le jeune Sacha. Les parents de ce dernier avaient une vision négative et rétrograde de la vie d’artiste, qu’ils assimilaient à une vie de bohème, dans l’alcool et la pauvreté. Qu’importent les obstacles ! Sacha Sosno sait ce qu’il veut et fait tout pour y parvenir. À 18 ans, il part pour Paris, s’inscrit à Sciences-Po mais passe son temps au Louvre et dans les galeries de la capitale. Sa vocation ne se dément pas. De retour à Nice, il rencontre Arman et Yves Klein. Il parle volontiers du « miracle de l’École de Nice. Dans les années 60 à 80, il existait une grande solidarité entre les artistes. Arman, Venet, Ben… se présentaient mutuellement aux collectionneurs, critiques et journalistes de Milan, Rome, Düsseldorf ou New York. Ils m’ont beaucoup aidé. Aujourd’hui, j’ai le sentiment que les jeunes font du “chacun pour soi” et je constate que cela ne fonctionne pas ».

Une âme de bâtisseur
Sacha Sosno l’admet, il possède un « goût rentré pour ce métier fantastique qu’est le travail d’architecte ». Il reste persuadé que « chaque artiste doit faire le trottoir, c’est-à-dire se donner à montrer au public ». Il précise : « L’architecte a un rôle essentiel dans la cité. Nous seulement le résultat de son travail remplit une fonction interne – logement, bureaux… – mais il possède aussi un aspect signalétique. Si les immeubles étaient tous beaux (comme à Chicago par exemple), les villes seraient des musées à ciel ouvert. Cela permettrait d’éduquer l’œil des habitants, même de manière inconsciente. » Cette vision particulière a guidé son travail et influencé ses œuvres majeures. « J’adore m’associer à des architectes, mais il faut une signature commune pour éviter les vanités d’auteur. Les associés ne doivent pas vivre leur association de façon déloyale. J’ai donc travaillé principalement sur les entrées d’immeubles, les jardins ou encore les façades. Mais l’idéal demeure pour moi la sculpture habitée, comme la Tête Carrée. »

Question de politique
L’œuvre la plus connue de Sacha Sosno, devenue emblématique de Nice, la Tête Carrée, est remarquable à plus d’un titre. « Ce projet gagnant d’un concours national à deux tours a ressemblé à l’époque (en 1996, ndlr) deux entités politiques distinctes. Ce qui prouve, si nécessaire, que les artistes, à partir d’un certain stade, sont obligés d’avoir des relations avec les hommes politiques. » Et le sculpteur, qui n’a rien perdu de ses convictions, d’ajouter : « Dans mes relations avec les élus, je ne perds jamais une occasion de leur rappeler que la loi Malraux n’est pas respectée. À chaque nouveau préfet, je reviens sur le principe du 1 % artistique*, après leur avoir dit que j’avais fait Sciences-Po ! » [rires]. Cette démarche, ce n’est pas pour lui qu’il l’effectue. « Aujourd’hui, précise-t-il, je travaille pour les autres. J’aimerais promouvoir à Nice une “École d’art et d’architecture”, qui pourrait s’appeler Riviera Group. Mais cela nécessite des liens forts de sympathie et d’amitié entre artistes et architectes. »

De l’oblitération à la sculpture habitée
Comme d’autres grands plasticiens, Sacha Sosno a développé son propre langage, l’oblitération. « Il s’agit de cacher par des trous, ce qui oblige l’imaginaire à travailler. C’est bien plus excitant que de tout dévoiler. Il ne faut pas tout montrer, tout dire. Mais faire de la sculpture est devenu pour moi une sorte de train-train. Ce qui me motive le plus, ce sont les projets à long terme que je développe pour la Corée, la Chine, la Russie. Malheureusement, j’ai désormais moins d’années disponibles que d’idées… ». Il poursuit : « En termes d’architecture, la révolution reste à venir. La sculpture habitée est une piste de réflexion. Il s’agit de réaliser une forme, qui, tout en ayant une utilité, assure une fonction sociologique. Ce n’est plus de l’art pour l’art. Les façades deviennent des cimaises. Dans un moment de crise économique, ce sont des projets sur lesquels nous devrions nous attarder. Chacun a son rôle : le spectateur fait l’œuvre, l’utilisateur fait l’architecture. C’est l’œil qui crée. L’art est donc soumis à une relecture permanente. C’est pourquoi j’aimerais que mon travail perdure un peu dans le temps, que l’on dise de moi : “il a participé à deux ou trois immeubles qui tiennent debout, et qui nous font toujours rêver”… »

 

À voir : « Fontaine des 4 Saisons », Menton – « Il n’y a plus d’obstacle », Hippodrome, Cagnes-sur-Mer – « Regard sur l’Arénas », Quartier l’Arénas, Nice – « Tête Carrée », bibliothèque de Nice – Hommage à Pierre-Richard Dick, port de Nice.

Projet en cours de réalisation :
Brasserie des Arts, Polygone Riviera, Cagnes-sur-Mer.


Projet à venir :
Sculpture hommage au jazz à Juan-les-Pins.

 

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