Photo jean-michel sordello
Président du jury des Palmes de la médecine et chef de service en parasitologie-mycologie au CHU de Nice, il a dédié ses recherches à la leishmaniose. Portrait d’un médecin ouvert à l’international.
« J’aime à dire que mon premier bulletin de salaire au CHU de Nice date d’octobre 1975 comme étudiant, il y a quarante-cinq ans ! », s’amuse Pierre Marty. Né d’une famille de Français originaires d’Algérie et arrivé à Nice à 8 ans, il a fait partie de la 4e promotion de la Faculté de médecine de Nice. S’il est aujourd’hui le doyen d’âge des professeurs de l’établissement, le moins que l’on puisse dire c’est qu’il a conservé intact son allant. « Si ma vie était à refaire, je ne changerai rien. Mon métier, c’est du soin mais aussi de la recherche médicale et j’aime beaucoup enseigner », poursuit celui qui est devenu naturellement le chargé de mission en Relations internationales de la faculté. Et d’ajouter : « J’ai pu aller en tant que jeune médecin deux ans au Cameroun, avec mon épouse gynécologue. Quand vous vivez la gestion d’une épidémie de choléra, en train de dévaster une population, je peux vous dire que cela marque votre vie. »
Des moyens contre les maladies tropicales
Pierre Marty a consacré ses recherches pendant plus de 30 ans à la leishmaniose : « Elle touche chez nous principalement le chien, moins l’homme, mais nous avons aussi démontré qu’il y avait de nombreux humains porteurs asymptomatiques de cette maladie parasitaire dans notre région. » Avec son équipe, il a ainsi mis en place dans l’arrière-pays niçois des enquêtes épidémiologiques permettant de tester les chiens, leurs propriétaires et mieux faire connaître cette maladie. L’idée ? Eviter que les chiens n’arrivent chez le vétérinaire à des stades tardifs nécessitant l’euthanasie. « Nous avons collaboré avec le laboratoire Virbac qui a mis au point une vaccination. Il y a ensuite de petits moyens efficaces comme les colliers insectifuges, qui font fuir les phlébotomes, ces moucherons qui transmettent la maladie sachant qu’elle ne se transmet pas quand un chien vous lèche. » Au niveau mondial, il existe différentes formes de cette maladie avec près de deux millions de nouveaux cas annuels ! Elle pose de gros problèmes en Inde, où elle cause des centaines de décès, et au Brésil, où elle est associée à la malnutrition : « Elle fait partie des maladies tropicales négligées selon l’OMS. »
Aider à former les étudiants à travers le monde
« La médecine française est très appréciée à l’international, poursuit le Pr Marty avec le sourire. Nous avons beaucoup d’étudiants venant d’Europe et ailleurs. Nous, nous essayons aussi d’aller au Canada et aux Etats-Unis pour apprendre en matière de recherches médicales. » Face aux moyens considérables déployés contre l’épidémie de COVID 19, le Pr Marty reste songeur. « Nous avons la chance dans nos pays occidentaux de faire bénéficier aux patients de la greffe d’organe, la greffe de moelle osseuse et des traitements très coûteux. Au Mali ou au Tchad, ils seraient déjà morts, ils n’ont pas les moyens de se le permettre ». Face à l’Intelligence artificielle, au e-learning et aux modes de sélection des Epreuves Classantes Nationales, qui ont remplacé le concours de l’internat, il vient rappeler aux étudiants que leur métier, c’est avant tout de s’occuper de l’Homme avec un grand H. Pour autant, Pierre Marty n’est clairement pas passéiste : « Ce qui est intéressant aujourd’hui, c’est que l’on s’oriente vers une faculté non plus juste de médecine mais de santé, vers des maisons de santé avec des médecins, infirmières, sages-femmes, ergothérapeutes en équipe. Il était important pour moi que ces Palmes en soient le reflet. »
Par Eve Chatelet
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