Patrick Moya

En 2001, Moya signait la couverture du 100e numéro de COTE Magazine, avec une centaine de petits personnages à son image dans une explosion de couleurs vives. Et que de nouveaux horizons, réels et virtuels, ouverts depuis lors par cet artiste, tour à tour classique et baroque, narcissique et généreux, conceptuel et amoureux de spectacles populaires comme le cirque et le carnaval. Dans sa maison-atelier à Nice cohabite une ribambelle de témoins épars de ses champs d’exploration physiques, de la sculpture miniature en céramique aux toiles monumentales à l’acrylique. Ici, les lettres de son nom, avec lesquelles il joue depuis le début des années 80. Là, son petit Moya, un alter ego imaginé en 1996 – mi-autoportrait mi-Pinocchio – accompagné de tout un bestiaire. En somme, un monde de matières, qui illustrent la démarche qu’avait joyeusement annoncée cet ancien élève de la Villa Arson, un temps modèle nu pour les écoles de dessin : l’artiste doit vivre dans son œuvre, le créateur devenir créature. « Je fais aussi beaucoup de life painting depuis l’an 2000. Je travaille sur fond noir ce qui fait que je peux aller très vite car je n’ai qu’à ajouter les lumières », s’enthousiasme ce performeur dans l’âme. Mais s’il est un endroit où Moya a tout bien rangé à sa place, c’est ans son Moyaland, un univers numérique de 260 000 m2 sur lequel il règne, avec voiture, tramway, hélicoptère, avion et bateau, accessible en direct en ligne via Second Life. Depuis 2007, Moya Janus (son double) y accompagne lui-même les visiteurs pour des visites guidées. « J’y fais des vernissages des expositions en cours et je conserve ensuite les plus importantes. J’ai toujours eu l’idée de créer une civilisation avec plusieurs époques », explique ce Niçois d’adoption né à Troyes, dont l’œuvre fait aujourd’hui l’objet d’une vaste expo­sition intro-rétrospective à la galerie Lympia, du 19 décembre au 4 mars. L’occasion de plonger dans la tête de Patrick Moya, à la fois icône des nuits gays avec sa jolie brebis Dolly et objet d‘un catalogue raisonné très sérieux retraçant 40 ans de création.

Par Tanja Stojanov

Photo Jean-Michel Sordello