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En cuisine, derrière un bar ou à bord d’un food truck, elles sont les nouveaux visages de la gastronomie, de l’œnologie et de la mixologie azuréennes.
Toshimi Takiya
L’excellence nippone au féminin
« Au Japon, les femmes n’ont pas de place dans les cuisines des restaurants. J’ai donc décidé de venir vivre ici. » Poussée par sa passion pour la gastronomie française, Toshimi Takiya s’installe en France en 2000. Quelques années plus tard, c’est pourtant au sein des plus prestigieux restaurants asiatiques à Monaco tels que Avenue 31 et Song Qi qu’elle se fait un nom. Elle se voit ensuite confier le poste de chef des cuisines au restaurant Moshi Moshi : « J’y préparais les sushis à la vue des clients. Tous étaient surpris de voir une femme derrière le comptoir, c’est tellement rare. » Pour se démarquer dans cet univers masculin, elle exprime sa féminité dans une cuisine visuelle qu’elle imagine tel un tableau. « En tant que Japonaise, je pense à la clientèle féminine en proposant une cuisine légère et facile à manger qu’elle pourra déguster avec élégance et raffinement. » Début 2019, en collaboration avec son fiancé, Toshimi ouvrira son propre restaurant, le Lan Lan, à la Condamine à Monaco.
Virginie Acchiardo
La cuisine en héritage
Le restaurant Acchiardo, véritable institution depuis 1927, propose une cuisine niçoise traditionnelle et authentique. Alors que leur père vient tout juste de rendre son tablier, Virginie Acchiardo et ses frères sont la 4e génération à reprendre l’affaire familiale. Aux côtés de Jean-François, en salle, et de Raphaël, derrière le bar, la jeune femme de 41 ans a aujourd’hui investi les cuisines pour y reproduire les recettes de son arrière-grand-mère. Et hors de question d’en changer un ingrédient, la tradition, c’est sacré ! « Plus jeune, je voulais être derrière les fourneaux mais mon père disait qu’une femme devait rester avec les clients. Il y a quelques années, je m’y suis imposée et j’ai laissé mes frères en salle… ils s’amusent à dire qu’ils m’ont cachée car que je ne suis plus aussi jolie qu’avant… » Afin de marquer sa place dans une équipe 100 % masculine, Virginie a trouvé la solution : « Tout passe par le sourire, il faut avoir une main de fer dans un gant de velours. »
38 rue Droite, Vieux-Nice
Marica Concilio
Chef et coach vegan
Depuis sept ans, Marica Concilio vagabonde à bord de sa « pétrolette », un food truck original à trois roues, où elle propose une cuisine bio et vegan inspirée par la tradition italienne. L’aventure commence à Naples dont elle est originaire. En 2014, elle décide de s’installer sur la Côte d’Azur et couvre depuis les événements majeurs de la région comme les Plages électroniques à Cannes avec ses 20 000 festivaliers quotidiens. « Lorsque j’ai commencé, il n’y avait qu’un seul restaurant végétalien à Nice. C’était donc un défi de taille. Le véganisme attire surtout les femmes mais les hommes sont également curieux de me voir au volant de ma pétrolette. Étrangement, même les carnivores se laissent tenter par mes lasagnes, gnocchis ou boulettes de légumineuses à la tomate. » Son food truck a plus d’un tour sous la carrosserie. Convertible, il se transforme en plan de travail pour accueillir des ateliers culinaires autour desquels Marica partage son goût pour la gastronomie végétale.
www.lillietlevegabon.com
Virginie Basselot
La toque dans les étoiles
Enfin, une femme aux commandes des cuisines de l’hôtel Le Negresco ! La nouvelle figure montante de la gastronomie française, Virginie Basselot, pousse les portes du mythique établissement pour titiller avec une touche de féminité les papilles des Niçois. Après une étoile au guide Michelin en 2012, un titre de « Meilleur Ouvrier de France » en 2015 et celui de « Cuisinière de l’Année » par le guide Gault et Millau en 2018, la jeune Deauvillaise se lance un nouveau défi : devenir la première femme chef du restaurant doublement étoilé Le Chantecler. Elle y fait la promesse d’une cuisine à son image, « classique, directe et simple », qu’elle applique par la même occasion aux cartes de la brasserie La Rotonde, du room service et des banquets. Sa spécialité ? Le poisson, qu’elle se plaît à adapter en fonction de la région. Désormais, sur la promenade des Anglais, Virginie Basselot aura face à elle un océan de possibilités pour exprimer sa créativité.
Stéphanie Lombardo
Mixologue inspirée
À seulement 28 ans, Stéphanie Lombardo crée des cocktails comme personne. Alors qu’elle prépare sa Mention complémentaire de barmaid, elle se forme dans plusieurs établissements niçois, dont le Fred’s Bar où le concept original l’incite à se spécialiser en mixologie : « Il n’y avait pas de carte, nous devions imaginer les cocktails en fonction des goûts et des envies de chaque client. J’y ai beaucoup appris. » Elle découvre ensuite l’Amérique du Sud et s’imprègne durant un an des saveurs locales. À son retour, le Hola Bar Kitchen à Nice lui confie les rênes de son bar d’inspiration latine. Elle y retranscrit son expérience acquise sur les routes du Brésil, d’Argentine ou de Bolivie à travers des créations originales telles que le « Maria es Brave », l’alliance parfaite de Tequila, agrumes et sirop de citrouille épicée. Sous sa casquette de chef barmaid, Stéphanie se met également en scène dans des vidéos, où elle partage ses recettes de cocktails signature qu’elle diffuse ensuite sur les réseaux sociaux.
www.holabarkitchen.com
Julia Scavo
Sommelière virtuose
Si le vin était une femme, il s’appellerait Julia Scavo. En quelques années, cette jeune prodige de l’œnologie n’a cessé d’évoluer au sein des plus belles tables azuréennes parmi lesquelles Keisuke Matsushima, L’Âne Rouge ou la Trattoria d’Alain Ducasse à Monaco. Avec une soif d’excellence et un zeste de féminité, elle compte à son actif un palmarès à faire pâlir ses homologues masculins. À deux reprises, elle obtient la 3e place au concours du Meilleur Sommelier d’Europe, termine 5e aux championnats du monde de la discipline en 2013 et devient la première femme à remporter le Master of Port en 2017. « Un jour, un client m’a comparée à une danseuse qui flottait entre les tables. Être une femme dans ce métier apporte une douceur particulière et une émotion rare. Le vin est un art comme la musique classique, je le partage avec ma sensibilité. » Aujourd’hui conseillère et formatrice, elle transmet sa passion auprès d’étoiles montantes de la gastronomie azuréenne comme au Flibuste à Marina Baie des Anges ou encore à La Langouste, à Nice.
www.juliascavoformation-conseil.com
Par Mickaël Mugnaini