Le coup d’envoi est donné !

Imaginé il y a cinquante ans par l’ancien coureur cycliste Jean Durry à la demande de Maurice Herzog, le musée national du Sport vient d’ouvrir ses portes à Nice au sein du stade Allianz Riviera.

« Après le Louvre Lens et Beaubourg Metz, ce projet de décentralisation est le dernier grand chantier mis en place par le ministère de la Culture », explique Marie Grasse, conservatrice du nouveau musée national du Sport. « Quand la question s’est posée de déménager le musée de Paris, plusieurs villes se sont portées candidates et Nice a été retenue. » Pourquoi Nice ? Cela semble être une évidence tant le cœur sportif de la capitale azuréenne bat au rythme de son équipe de football, de ses grandes manifestations comme l’Ironman ou le Paris-Nice. Sans oublier, bien sûr, son député-maire Christian Estrosi, ancien champion de moto. De plus, la création du stade Allianz Riviera s’imposait comme un argument supplémentaire à la candidature de Nissa la bella, car c’était l’occasion d’avoir un lieu spécifiquement destiné à accueillir l’importante collection du musée.

600 ans d’histoire du sport

Imaginez un peu : 35 semi-remorques au total ont été nécessaires pour transférer un fonds constitué de 45 000 objets, 250 000 brochures et périodiques, 18 000 ouvrages, 110 000 photographies et 1 000 films et bandes sonores. Plus de 600 ans d’histoire du sport sont retracés à travers une centaine de disciplines, du traité d’escrime « del duello » de 1521 à la combinaison du pilote de rallye Sébastien Loeb, en passant par le polo Lacoste de Jean Borotra (1920) ou le maillot porté par l’athlète Jesse Owen lorsqu’il bat en 1935 trois records du monde, les pointes chaussées par le coureur Emil Zátopek aux J.O. d’Helsinki en 1952, le radiogoniomètre utilisé par éric Tabarly pendant sa mythique course transatlantique de 1964, le vélo monté lors des dernières étapes du Tour 1975 par Eddy Merckx…

Une plongée sociétale
Mais soyons clairs, il est inutile d’être un mordu de sport pour apprécier les collections. Véritable phénomène social, le sport est devenu omniprésent dans notre société contemporaine. Son impact a largement dépassé le cadre de l’exploit physique ou celui du bien-être pour devenir un art de vivre à part entière, diffusant ses codes tous azimuts : mode, beauté, publi­cité, presse magazine lifestyle… Et c’est ce rôle qui sera avant tout mis en avant. « C’est la société vue à travers le prisme du sport, son histoire, son évolution, ses tensions, ses moments qui ont marqué des géné­rations… », précise Marie Grasse. Et c’est vrai ! Comment ne pas penser à l’Allemagne nazie en découvrant la torche olympique des J.O. de Berlin en 1936, au drame qu’Edith Piaf à vécu devant le short et les gants de Marcel Cerdan, à la ferveur nationale face à la raquette de Noah lors de la finale de Roland Garros en 83 ou le ballon de la finale de la Coupe du monde de 98.

Un musée contemporain et interactif
La volonté de s’adresser à tous se concrétise aussi dans la conception même du musée avec une formulation en phase avec son époque afin de répondre aux attentes d’un public dont l’approche à l’art et à la culture a radicalement évolué. « Nous avons fait le choix de raconter une histoire, celle du “défi”, déclinée en quatre étapes : le défi sur soi, contre l’autre, collectif et au-delà des limites. » La narration est mise en scène de manière dynamique, graphique et interactive, pour faire revivre aux visiteurs cette grande aventure sportive : bruitages, écrans vidéo, QR code pour accéder à des contenus multimédias comme des interviews, des photos. Aspect ludique aussi avec des ateliers et des simulateurs high-tech. Le visiteur pourra ainsi tester sa rapidité en montant l’Alpe d’Huez, étape phare du Tour de France, mesurer son agilité à l’escrime ou piloter une F1 sur le Grand Prix de Monaco. Sans oublier ce qui sera un des points « chauds » : deux baby-foot géants où pourront s’affronter deux équipes de 8 joueurs !