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Quand les habitants s’emparent de leur rue, comme ici, rue de l’Arc / © Christophe Billet |
Qui n’a jamais rêvé d’une cité parfaite ? D’une ville fière de sa mixité, partagée et enrichie par tous, une ville bichonnée par les pouvoirs publics et désertée par les marchands de sommeil et les spéculateurs.
Au-delà de la tristesse et de la colère, le drame de la rue d’Aubagne doit inciter à la réflexion et à la prospective. Et pourquoi ne reprendrions-nous pas le concept développé par Thomas More selon lequel le bien doit être conçu comme l’exposition de la perfection formelle. De tous temps, on a rêvé à la ville idéale, celle dont la situation, la topologie, l’architecture et l’aménagement conduisent à une société plus harmonieuse, plus démocratique, plus équitable, plus émancipée Il existe une relation forte entre l’harmonie et l’ordre social dans la cité, mais force est de constater que depuis six siècles, les projets de réalisation de la ville utopique ont nourri les esprits inventifs, selon des critères qui ont évolué selon les époques, mais n’ont guère abouti ! La réalité du terrain et les gravats accumulés au cœur de la cité phocéenne nous éloignent des Utopia, Phalanstère ou autre Familistère de jadis pour nous inciter au pragmatisme : quelles peuvent être les fondations d’une ville idéale au XXIème siècle ? La technologie impacte la réponse à cette question qui peut se décliner selon plusieurs axes, ceux de la ville numérique (les services), de la ville électronique (les réseaux) et de la ville virtuelle (le cadre immatériel). En amont de ces concepts, il y aura lieu d’avoir une vision globale du développement de la ville puis de créer un habitat pour le plus grand nombre, sans en considérer une partie comme illégitime, et de bien connaître cette population avant de parler architecture. C’est ce que constate l’ancien président de l’ordre des architectes PACA, André Jollivet : « Il est impossible à Marseille de faire la ville sans ses habitants, le centre-ville a besoin d’une rénovation complète, de vraies concertations. Il faut refaire tout en gardant la population, la mixité sociale. Noailles est un quartier dynamique, un atout formidable. N’oublions pas, par exemple, que c’est de là qu’est parti à Marseille ce grand mouvement de végétalisation autoorganisée des rues de la ville. » Une analyse qui incite à l’optimisme.