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Révélé avec Emmanuelle, Just Jaeckin a donné une autre dimension au film érotique. Il est aujourd’hui un artiste libre, continuant, entre Paris, côte Ouest et Midi, à explorer la beauté des femmes.
Photographe, coureur automobile, sculpteur, peintre, directeur artistique, le célèbre réalisateur d’Emmanuelle est un homme de records. Treize ans de programmation sur les Champs-Élysées pour le film qui révéla la sublime Sylvia Kristel et 500 millions de spectateurs dans le monde. Dernièrement, au Festival du film francophone, à Ottawa, son long-métrage Le Dernier Amant romantique a réalisé la meilleure audience au Canada pour un film français. Un succès dont il est fier, mais qui représente une infime partie de son parcours. « J’ai besoin de changer de vie tous les dix ans », lance-t-il. Loin de lui la pensée de se figer, de vivre sur ses acquis. « Être jeune dans les années 60 n’était pas toujours chose facile – je suis parti à 18 ans faire la guerre d’Algérie – mais l’époque offrait d’infinies possibilités. Tout était neuf. Rien n’était cloisonné. On pouvait exercer mille métiers. Il suffisait d’avoir des idées et de l’énergie. » Pour cet épicurien, « la vie est faite de challenges, de projets ». Comme l’exposition qu’il prépare, cet été, à l’Hôtel de Paris à Saint-Tropez (1), présentant ses œuvres et celles de son épouse, Anne. Sa carrière de peintre et sculpteur est une belle page de sa vie. D’abord celle de sa rencontre avec Anne, ancienne danseuse professionnelle, précurseur du phénomène fitness en France. La passion de la belle pour la sculpture va réveiller en Just un talent mis en sommeil. Ensemble, ils montent un atelier à Saint-Briac-sur-Mer, joli bourg breton, et se lancent dans la création. Statues longilignes en mouvement, mains dressées, visages travaillés pour elle, sculptures et photographies revisitées pour lui, ornent leur galerie parisienne de la rue Guénégaud, à Saint-Germain-des-Prés.
Histoires de désir et de liberté
Une passion qu’il a pu assouvir en toute sérénité grâce à un atout majeur : la liberté. « Celle que m’a donnée l’argent de mes films. Je décide de ce que je veux. Comme partir pour un long séjour au ski pour assouvir ma soif de sport. Ou travailler non-stop pendant six mois lorsque l’inspiration me gagne. Mais qu’on ne s’y trompe pas : je suis le plus grand paresseux de la terre et le strict exécutant de mes pensées. Mon moteur, c’est l’envie. » L’envie comme fil rouge de sa vie… Celle insufflée par un talent artistique, un œil, un recul qui lui permettent de devenir le photographe de revues prestigieuses comme Harper’s Bazaar, Vogue, Paris Match. Puis de collaborer avec Daniel Filipacchi à Mademoiselle âge tendre, la version féminine de Salut les copains. Une notoriété, des rencontres qui l’amènent à réaliser ses premiers films publicitaires, comme une campagne pour la marque de collants Dim. Puis vient Emmanuelle… « De la folie pure ! On était à la charnière de la libération sexuelle. Le Mouvement de libération de la femme (MLF) m’est tombé dessus. Pourtant, tous mes films parlent du désir des femmes. Aucune actrice française n’a accepté le rôle. Sylvia Kristel m’a fait confiance. Ça a lancé sa carrière. » Drôle de parcours pour cet enfant solitaire. « J’étais si silencieux qu’on m’appelait le mime ! » A-t-il fondamentalement changé ? Ses pensées, ses passions, son amour des femmes s’expriment aujourd’hui dans ses œuvres. Celles que les heureux habitants de la Côte d’Azur pourront découvrir cet été, sous le doux soleil de Saint-Tropez.