Photographie Jean-Michel Sordello
Chirurgien oncologue, spécialiste des tumeurs rares du péritoine, le Dr Jean-Marc Bereder est aux avant-postes de la médecine de demain. Un parcours connecté e-santé…
Chirurgien oncologue, Chef du Pôle digestif médico-chirurgical de l’Archet 2 au CHU de Nice, expert régional des tumeurs rares du péritoine en PACA… à 65 ans, le Dr Jean-Marc Bereder fait référence dans son domaine. Issu de la faculté de médecine de Marseille, il passe son internat et son clinicat au CHU de Nice. Puis, en 1991, s’installe en tant que praticien libéral à la clinique Vignoli de Salon-de-Provence, avant de rejoindre en 1996 le Centre hospitalier intercommunal de Toulon-La Seyne-sur-Mer. Durant 8 ans, il y dirige plusieurs services de chirurgie — notamment viscérale et oncologique. Et prend conscience « qu’il faut développer des techniques avancées pour mieux prendre en charge les carcinoses péritonéales ».
Des traitements peropératoires novateurs
Qu’à cela ne tienne ! En 2000, il s’envole pour les États-Unis où il rejoint le Pr Sugarbaker au Washington Cancer Institute. « Je souhaitais apprendre dans son équipe la chimio-hyperthermie intrapéritonéale (CHIP) pour l’importer en France, se souvient le Dr Bereder. Associée dans un même temps opératoire à une cytoréduction chirurgicale, elle permet de multiplier par 5 à 6 la médiane de survie. De retour à Toulon, j’ai pris mon bâton de berger pour la faire connaître. En 2003, à la demande du Pr Benchimol, j’ai réintégré le CHU de Nice où j’ai développé ce type d’intervention. Depuis, j’ai opéré ainsi plus de 800 patients. Autre corde à son arc : la chimiothérapie intrapéritonéale aérosolisée (PIPAC) par cœlioscopie. « Je me suis formé à cette procédure de traitement en 2015, en Allemagne, auprès du Dr Marc Reymond qui était alors le seul au monde à la pratiquer. Elle vise à diminuer la taille d’une lésion pour la rendre résécable ou, à titre palliatif, à freiner la progression de la maladie. »
Au cœur de la data science
Toujours à l’avant-garde des recherches sur les maladies du péritoine, le Dr Bereder explore désormais d’autres « terrains non balisés » : le numérique et l’intelligence artificielle en santé. À son actif, des modèles d’analyse mettant en jeu du machine learning, pour aider la décision opératoire des tumeurs du péritoine. Expert numérique et consultant en data science, le Dr Bereder œuvre aussi au sein de plusieurs réseaux. Notamment l’ANAP* : « Nous avons développé une solution avec un livrable industriel en 2019, qui permet l’analyse prédictive de fréquentation d’un établissement de soin ».
Depuis janvier 2020, il est également responsable du Projet Intelligence Artificielle en Santé au CHU de Nice. « Il s’agit d’optimiser le parcours patient au sein du CHU mais aussi hors les murs, dans son territoire. » Pilotage des services hospitaliers, suivi à distance, mise à disposition en temps réel de recommandations pertinentes… les solutions digitales et l’IA ouvrent des horizons prometteurs tant pour les patients que les soignants. Mais, souligne le Dr Bereder, « elles doivent reposer sur des données fiables, explicables, sécurisées… La performance ne suffit pas, il faut aussi préserver la confiance dans la relation patient-médecin. Les valeurs éthiques doivent être l’ADN de notre réflexion sur l’IA en santé qui ne doit pas se substituer à l’humain mais l’accompagner ».
Par Christine Mahé
* Agence Nationale d’Appui à la Performance des établissements de santé et médico-sociaux