Lire nos magazines
Station Alsace-Lorraine : deux visages rouges en vis-à-vis.
L’artiste, dont les silhouettes humaines intriguent par leur force et leur simplicité, a réalisé une œuvre colorée très graphique pour la Station Alsace-Lorraine, qui vient tout juste d’être inaugurée.
Il a participé à la première exposition de la Figuration Libre en 1981 et s’est fait connaître en peignant sur des matériaux de récupération, comme des affiches arrachées dans la rue. Représenté à Vence par la Galerie Catherine Issert, Jean-Charles Blais avait déjà réalisé pour la Station de métro Assemblée nationale à Paris une gigantesque frise, renouvelée jusqu’en 2014. Pour la Ligne 2 du tramway niçois, l’artiste a souhaité produire des formes monumentales sans pour autant les imposer aux passagers.
« Un décor comme une ombre portée », témoigne Jean-Charles Blais, dont les dessins ont été transposés en gigantesques papiers adhésifs de couleur framboise, qu’il a pu ensuite redécouper avant qu’ils ne soient collés aux murs. En direction de l’avenue Jean-Médecin, les passagers découvrent ainsi deux visages rouges en vis-à-vis. Une double tête qui renvoie à la figure de Janus, Dieu romain des portes et du passage. De l’autre côté, vers l’Aéroport Nice Côte d’Azur, on en retrouve le négatif, la contrepartie. Cette œuvre, d’une remarquable efficacité, est un véritable hommage aux papiers découpés de Matisse et à Le Corbusier. « Quand j’étais enfant, j’allais voir ma grand-mère qui habitait dans une Cité radieuse. Je me souviens de ces superbes couleurs mates sur le béton », témoigne Jean-Charles Blais, qui a souhaité conserver ici les chiffres inscrits sur chaque pan de papier pour le montage. Et de conclure : « J’aime garder la trace du procédé.» Des chiffres qui intriguent, une œuvre qui met le regardeur au travail et l’invite à faire voyager son imagination.
Par Tanja Stojanov
