Frédéric Ferrero et Sylvie Rossi

Vue d’ensemble du musée Bonnard, avec l’habillage en pierre très contemporain de son soubassement.

Le musée Bonnard porte leur signature. Un projet pour lequel Frédéric Ferrero et Sylvie Rossi ont décroché le prix Équipement du concours ArchiCOTE 2015. Rencontre.

 

Quel a été le premier projet emblématique de votre collaboration ?
S.R. : Je pense au groupe scolaire Louis Fiori. Il est installé sur un site merveilleux, au pied du village de Carros, avec son château médiéval au sommet. C’est mon projet préféré car c’était l’époque où tout était pos­sible. Nous n’avons pas attendu toutes ces réglementations thermiques et la COP 21 pour tenir compte de ces enjeux, c’est pour nous une question de bon sens. Sur cette parcelle préservée, nous ne voulions pas faire du néoprovençal mais déployer plutôt notre propre vocabulaire.

 

F.F. : Nous avons dessiné un bâtiment en équerre avec des lignes droites, des porte-à-faux et de grands vitrages. Il est donc résolument contemporain, mais son écriture est sobre et épurée pour s’inscrire avec discrétion dans cet environnement. Un patio central constitue le cœur ombragé de l’établissement. Un escalier central relie également les trois niveaux, alors que de multiples gradins font écho aux restanques voisines. La pierre qui couvre la façade est un rappel à ce patrimoine.

 

Comment avez-vous intégré la crèche Armand de Vence dans son paysage ?
F.F. : Nous avons conçu un ensemble en béton qui permet de préserver l’inertie thermique. Il se compose de trois boîtes, chacune dédiée à une classe d’âge, avec un habillage en bois qui renvoie à l’imaginaire de la cabane. Notre métier est de dessiner de beaux lieux et de créer des atmosphères. Nous imaginons des espaces qui offrent la possibilité d’avoir différentes activités à l’intérieur en lien avec l’extérieur, que l’on peut exploiter à la belle saison dans ce climat méditerranéen.

 

S.R. : Nous avons aussi collaboré pour ce projet avec François Navarro, un paysagiste formidable. Il a proposé d’étendre les jardins familiaux, déjà présents à l’avant de la parcelle, en les prolongeant par d’autres espaces verts menant directement à la crèche, calée dans le haut du terrain pour ne pas laisser de sol résiduel. Des petites graines ont été plantées pendant le chantier pour créer une toiture végétalisée, avec aussi tout un système de traitement des eaux pluviales.

 

De quelle façon avez-vous traduit votre écriture architecturale au musée Bonnard ?
S.R. : Nous avons observé le schéma de ce quartier avec ses vieilles bâtisses, qui comprenaient en général un mur de soutènement, des jardins, puis la maison en hauteur. Pour nous, il fallait ouvrir une dilatation sur le boulevard Carnot pour créer un événement, avec un cheminement scénographique qui monte vers la lumière. Nous avons donc construit une colonne de soubassement pour l’accueil du public, développé les jardins au maximum et ajouté à la bâtisse d’origine un grand escalier vitré.

 

F.F. : Il fallait introduire de la poésie dans cet ensemble et cet escalier a été pensé comme un véritable lieu de promenade. Il ouvre des vues sur le paysage et les toitures du Cannet tels que Pierre Bonnard a pu les voir à une autre époque. La nuit, c’est un véritable signal lumineux pour les habitants et les touristes. Et c’est aussi une sorte de totem, avec son grand mur en béton à l’arrière qui fait office de cimaise et où l’on accroche aujourd’hui les affiches des expositions en cours.