Les souverains ont souvent entretenu des affinités électives avec la peinture, mais il faut dire que l’histoire de Hàm Nghi (1871-1944) est pour le moins extraordinaire. Avant de produire ces toiles à la touche subtile, qui nous plongent dans un vécu intense du paysage, l’artiste a d’abord été empereur du royaume d’Annam, territoire du centre du Vietnam placé à l’époque sous protectorat français. Sauf que voilà, par peur de la lutte anticoloniale dont il était l’une des figures, les autorités françaises ont décidé de l’exiler et lui donner des cours de français, dessin et peinture pour le rendre pro-français. Grâce aux recherches menées par Amandine Dabat, son arrière-arrière-petite-fille et commissaire de l’exposition, on retrouve ainsi à travers plus de cent cinquante œuvres, objets et documents issus de collections privées et publiques, les développements de ce prisonnier politique qui fit de l’art un espace de liberté intérieure. Ici, on est saisi par la délicate lumière qui ressort de ces huiles sur toiles, marquées par l’influence impressionniste et pointilliste, mais aussi ces saisissantes couleurs, dans la veine de Gauguin et des Nabis. L’expo marque ainsi la redécouverte à la fois historique et artistique de ce prince d’Annam, dont la dernière rétrospective date d’il y a près de 100 ans à Paris. 

Jusqu’au 26 juin
« L’art en exil »
Musée des arts asiatiques
405 Promenade des Anglais, Nice
Tel. 04 89 04 55 20