On ne présente plus Ben Vautier, alias Ben, qui fait partie de ces figures emblématiques de l’art contemporain azuréen. Pionnier du mouvement Fluxus dans le Sud à partir des années 1960, questionnant avec irrévérence et ironie constante les limites de l’art, l’artiste a fait de sa maison à Saint-Pancrace une œuvre à part entière, habillée du sol au plafond et en façade d’objets de récupération et autres écritures caractéristiques. Car oui, comme il le trace volontiers en lettres rondes sur ardoise, pour lui, « L’art, c’est la vie ». Si « La Cambra » ou « Musée de Ben » fait partie des pièces incontournables du MAMAC, les aphorismes de ce plasticien accompagnent aussi les usagers du tramway sur les abris voyageurs. Sur le rond-point de la Place Toselli à Nice, il a aussi laissé un message aux automobilistes : « L’art tourne en rond », comme une façon de remettre les pendules à l’heure et d’exprimer que rien n’est jamais nouveau. Après avoir réalisé la couverture de nos collectors en 2010 et en 2017, il signe à nouveau ici celle des 35 ans de notre magazine. Mis à l’honneur l’an passé dans une expo à la Fondation du doute de Blois, un lieu qui n’est ni centre d’art ni musée et où règne l’esprit Fluxus, Ben fait aussi l’objet d’une vaste rétrospective au Musée Universitaire d’Art Contemporain de Mexico jusqu’au 2 avril, baptisée « La mort n’existe pas ». Un accrochage sur 2 500 m2 à travers ses actions, pièces textuelles, assemblages et les thèmes majeurs de son œuvre : l’ego et l’ethnicisme.
Par Tanja Stojanov