Certes l’Opéra de Nice renvoie à l’histoire, avec ses façades baroque et néoclassique, et sa salle à l’italienne typique en forme de fer à cheval. Pour autant, « L’opéra n’est pas un art muséal figé, lance son directeur général Bertrand Rossi. Je suis persuadé qu’on peut sortir de l’idée qu’un opéra ce sont de grandes perruques et décors kitsch ». Un état d’esprit que l’on retrouve dans les affiches de la saison réalisées par le photographe Arié Botbol à Nice, avec La Sonnambula en mode mamie sur la plage ou Falstaff en décapotable sur la Prom’. Si elles ne correspondent pas aux scénographies à retrouver lors des représentations, ces images visent à renouveler l’image de l’institution, qui a ouvert sa saison en septembre avec le Festival Metal’up The Opéra en compagnie du groupe niçois Heart Attack. Au rang des autres répertoires, c’est aussi une nouvelle soirée Hip-Hop The Opéra qui est prévue le 5 avril, en collaboration avec Panda Events et l’Université Côte d’Azur, dont les élèves peuvent par ailleurs venir réviser en musique dans la salle, quand ce ne sont pas les musiciens qui vont directement sur les campus. « J’ai fait appel pour cette programmation à des metteurs en scène contemporains audacieux comme Rolando Villazon, Cyril Teste, ou Kristian Frederic », poursuit Bertrand Rossi. De sorte que dans La Bohème jouée en mai et juin, la phtisie du XIXe siècle est remplacée par le VIH, qui a véhiculé dans les années 1980 la même sorte de stigmatisation sociale. Une façon de montrer combien l’opéra de Puccini reste d’actualité, en matière de liberté artistique, sociale et sexuelle. Cette saison compte également des afterworks à la Diacosmie – où sont produits les décors de l’Opéra – et des sessions Viens avec ton doudou le dimanche matin pour les enfants. Pour ceux qui ne seraient pas en mode Escape Game immersif à la recherche du fantôme des lieux, il y a aussi les dîners sur scène avec les danseurs du Ballet Nice Méditerranée, les musiciens de l’Orchestre Philharmonique de Nice et les artistes du Chœur de l’Opéra de Nice. Bref, autant de façons pour ce lieu historique de renouveler son intérêt.
Par Tanja Stojanov