
Anaïs Dautais Warmel, fondatrice de la marque engagée Les Récupérables.
Les collections se réinventent aujourd’hui en prenant conscience de l’impact néfaste de la fabrication de vêtements sur l’environnement. La créatrice anglaise Stella McCartney a montré l’exemple en faisant dès les années 2000 un prêt-à-porter conçu avec des matières écologiques et des accessoires en cuir végétal. Puis d’autres ont suivi cette voie comme Veja en 2005 qui produit des baskets d’une façon éthique ou Levi’s® et ses jeans écoresponsables (en coton et chanvre moins gourmands en eau), la liste est longue. À Marseille, Atelier Bartavelle, Le Stockholmsyndrome ou Anaïs J Créations s’engagent dans la slow fashion. L’industrie de la mode reste l’une des plus polluantes du monde (après le secteur pétrolier). L’impact de sa surproduction et de l’utilisation de produits chimiques nuit gravement à l’environnement, appauvrit les ressources de la planète et détériore les paysages du monde entier. En cause ? Nos vestiaires trop garnis, l’utilisation de mauvaises matières, le gaspillage et le casse-tête du recyclage. Alors, certaines marques et créateurs ont décidé d’agir en trouvant des solutions écologiques à partir de matériaux déjà existants.

Pull en maille 100 % biodégradable Giannotti Monaco.

La Maison Longchamp s’ancre dans l’air du temps avec Green District, une ligne de sacs responsables à base de fibre de nylon régénéré.
LE RECYCLING, TRANSFORMER POUR CRÉER
Le fait de modifier la matière – comme le veut le principe du recyclage – permet à certaines enseignes de créer des collections nécessitant moins de nouveaux ingrédients. On transforme, on adapte… et on réutilise à l’infini (plutôt que de jeter) un matériau… Par exemple, Alexis Giannotti à Monaco imagine une collection de maille réalisée à partir de matériaux éthiques et, notamment, de marc de café récupéré. Ce déchet devient le composant d’un fil doux luxueux et le fondateur engagé promet à l’avenir une collection d’accessoires en fibre de café. La maison Longchamp innove en créant la gamme de sacs Green District en fibre de nylon régénéré (econyl®) à partir des déchets plastiques, qui se marie à des pièces de cuir de qualité. Carel lance sa ligne de cabas en plastique 100 % recyclé pour le printemps 2022. La collab Rombaut x Melissa propose, elle, des chaussures en édition limitée fabriquées à 100 % avec des déchets de post-consommation (disponibles en mars sur rombaut.com). Le Français Faguo qui propose tout un vestiaire ecoresponsable vient de lancer Alder, une basket conçue à partir de balles de tennis récoltées dans les clubs et recyclées en semelles. Enfin Delcasso, une griffe créée à Nice, recycle les chutes de toiles rayées utilisées pour les stores pour en faire des sacs et des accessoires. La marque vient d’inaugurer son corner aux Galeries Lafayette de Cap 3 000 en adéquation avec leur label Go For Good.

Emma François, créatrice de la marque Sessùn. © Mélanie Elbaz
LE DOWNCYCLING, RÉDUIRE LES DÉCHETS
Ce procédé permet d’éviter de jeter des matériaux existants (considérés en fin de vie) et de les récupérer pour en faire de nouveaux objets ou vêtements. Bel exemple donné par la créatrice de Sessùn, Emma François, qui en 2020 a lancé le projet RECOLLECTION afin de collecter des « vieux » jeans qu’elle a réutilisés dans une ligne capsule. En 2021, c’est le tour de la maille. La laine recueillie sera triée puis deviendra un nouveau fil grâce à une entreprise française du Tarn. Cette collection (re)tricotée sera éditée en série limitée. La marque Sézane, certifiée B Corp, façonne ses collections de prêt-à-porter à partir de 3/4 de matières écoresponsables (coton bio, matières recyclées ou certifiées, cuir au tannage végétal…) et la créatrice Morgane Sézalory organise des collectes de pièces pour les recycler.
