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VIVRE SA VILLE

De la création de produits originaux aux nouvelles technologies de l’information et la communication, les entreprises azuréennes sont un véritable atout de la région. Economie, banque, immobilier, urbanisme, architecture… cette rubrique se place au plus près des initiatives et transformations de nos villes. Ici, le concours ArchiCOTE vient également tous les ans récompenser les projets d’architectes les plus engagés et inscrits dans leur territoire.

septembre 2022

Jean-Pierre Dick

  • « La mer a des vertus structurantes et apaisantes »
  • Il porte haut les couleurs de Nice. En attendant de prendre le départ de la Route du Rhum à Saint-Malo cet automne, le navigateur français partage sa passion avec les écoliers niçois. Rencontre.  
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Au départ de Saint-Malo, le 6 novembre prochain, le navigateur niçois raliera la Guadeloupe sur son monocoque Notre Méditerranée - Ville de Nice. /© RORC / Tim Wright
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À 56 ans, Jean-Pierre Dick revient à la compétition avec une quatrième Route du Rhum en solitaire. / © Copurnic
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Jean-Pierre Dick sensibilise régulièrement les plus jeunes à la biodiversité du milieu marin et sa protection.

Vous avez actuellement un projet sportif avec votre JP 54 The Kid, rebaptisé Notre Méditerranée – Ville de Nice. Mais d'où vient votre passion de la navigation ?
Je suis né ici à la clinique Tzarévitch, comme beaucoup d’enfants à l’époque je crois (rires). Du coup, je faisais de l’aviron à Nice et de la voile à Saint-Laurent-du-Var. En fait, j’ai appris en même temps que mon père. Il était strasbourgeois, mais a vécu pas mal en Afrique, à Dakar et en Mauritanie. Après ses études de vétérinaire, il s’est installé à Nice et a lancé le laboratoire de recherche Virbac. Mon père était un énorme travailleur. Alors, le week-end, je partageais des moments privilégiés avec lui. Je me souviens à dix ans de ce voyage en Corse, ça a été le point de départ de ma passion. On a commencé la compétition en voile habitable ensemble, mais c’est resté longtemps pour moi un hobby de vacances, en amateur éclairé. Puis à trente-six ans, j’ai eu le déclic.

Comment avez-vous réussi à opérer ce virement de bord décisif ?
Quand j’ai gagné le Tour de France, j’ai eu alors envie d’arrêter mon métier de vétérinaire. Je me suis dit que j’allais faire mon premier Vendée Globe en 2004-2005, puis j’ai remporté la Transat Jacques Vabre avec Loïc Perron, ce qui a été déterminant. C’était un sacré pari et j’ai mis toutes mes économies sur la table. Finalement mes études à HEC m’ont servi, car j’ai professionnalisé mon approche. Un Vendée Globe, c’est environ trois millions d’euros de budget. Quand vous participez à ce type d’événement, vous pensez Vendée Globe, vous dormez Vendée Globe. Pendant des années, ça a été toute ma vie, faire des courses et en gagner six en plus des participations aux Vendée Globe. J’ai été soutenu dès le début par le département des Alpes Maritimes et aujourd’hui par la Ville de Nice.

Vous manquez désormais à tous les passionnés sur les Vendée Globe. Quels sont donc les chantiers qui vous occupent aujourd’hui ?
Depuis 2017, j’ai calmé le jeu avec une équipe plus petite et le souhait de continuer à naviguer, tout en étant dans la transmission. J’aide des amateurs qui connaissent la voile à mettre un pied dans les courses au large et les records du monde. Ils n’ont pas besoin d’avoir un niveau d’exception, juste d’être portés par l’envie. Je reviens aussi d’un périple en Atlantique et je vais tout faire pour gagner dans ma catégorie dans la classe Rhum Mono. L’idée est de repartir sur une course en solitaire au large et participer également à des échanges avec les élèves niçois issus des classes défavorisées. Avec Pure Océan, un fonds de dotation qui subventionne des projets scientifiques pour la protection des écosystèmes, nous avons créé aussi un défi entre les Bermudes et Lorient.

Quel message adressez-vous aux enfants avec votre expérience du monde marin ?
Je leur parle de l’importance d’avoir une passion. Lorsque j’étais plus jeune, j’aurais adoré partir avec un Eric Tabarly au large, cela forme l’esprit d’avoir des référents qui vont jusqu’au bout. Mais tout le monde n’est pas Mbappé, alors je dis aussi l’importance de faire des études. En tant que marin, on est aussi un observateur privilégié des écosystèmes. Alors, je leur montre la biodiversité que j’ai rencontrée dans mes courses. Il y a en Méditerranée des dauphins, des baleines, des poissons lune, des mérous, du thon rouge, nous avons encore beaucoup de chance. Sur le port de Nice, il y a d’ailleurs cette statue de Sosno en hommage à mon père et en forme de queue de baleine, qui marque notre fierté d’avoir encore une telle biodiversité. Il est vital de la préserver et quand on voit, en tant que plaisancier, le mal que cela fait aux champs de posidonie de jeter l’ancre ou ces ferries qui arrivent dans le port, ne restent que quelques heures et rejettent leur fumée noire, cela fait vraiment réfléchir.

Par Tanja Stojanov

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