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VIVRE SA VILLE

De la création de produits originaux aux nouvelles technologies de l’information et la communication, les entreprises azuréennes sont un véritable atout de la région. Economie, banque, immobilier, urbanisme, architecture… cette rubrique se place au plus près des initiatives et transformations de nos villes. Ici, le concours ArchiCOTE vient également tous les ans récompenser les projets d’architectes les plus engagés et inscrits dans leur territoire.

septembre 2022

Marc Barani

  • Prix Carrière
  • Du rapport entre les forces et les formes
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Pôle multimodal de Las Planas à Nice. Marc Barani a reçu en 2008 l'Equerre d'argent pour ce projet, qui ouvre des cadrages sur le proche et le lointain.
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Pont Renault sur la Seine. Cette passerelle piétonne opère la liaison entre l’île Seguin et la rive de Billancourt, en un geste épuré./© Hervé Abbadie
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© Jean-Marc Gourdo

L’architecture ancre nos perceptions du monde dans l’espace, elle se situe entre l’anthropologie, les manières d’habiter le monde, et la dimension plastique, les formes et matières », témoigne Marc Barani, qui s’est très tôt tourné vers une approche pluridisciplinaire de son métier. Diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Marseille, il a ensuite étudié la scénographie à la Villa Arson à Nice, puis l’anthropologie au Népal. « Je revenais de ce pays lorsque la mairie de Roquebrune-Cap-Martin a lancé son concours pour l’extension du cimetière de Saint-Pancrace où est enterré Le Corbusier, poursuit l’architecte, qui passait devant cette sépulture étant enfant pour se rendre sur la tombe familiale. La mort est taboue dans les sociétés occidentales, on a peur de ce que l’on considère comme un vide sidéral et cela m’a sauté aux yeux en revenant d’Asie. » Ici, l’atelier Marc Barani a donc fait le choix de creuser la montagne dans un dispositif scénographique qui met en relation l’eau, la terre et le ciel, la matérialité et l’immatérialité de l’horizon. « Une façon de rétablir la mort dans un cycle naturel, de proposer à chacun une méditation calme à l’abri du monde », ajoute l’académicien.

Donner à voir les traminots
Autre projet en matière de commande publique : le Pôle multimodal du tramway à Nice-Nord. « Nous avons proposé de le placer dans le nœud autoroutier, ce qui au départ était une idée un peu hérétique mais cela a permis de répondre aux besoins techniques tout en passant de l’autre côté de l’autoroute pour désenclaver les immeubles de Las Planas et du Rouret, soit environ 8 000 habitants », poursuit Marc Barani, qui a donc fait passer ce projet d’une dimension technique à une dimension urbaine, comme pour réparer les blessures de la ville. Au lieu de cacher les traminots, les ateliers ont aussi été vitrés pour que les passants les voient tout comme ceux qui travaillent dans la tour de contrôle.

Contemplation de l’immatériel
Marqué par la multiplicité des ouvrages réalisés, l’atelier Barani est aussi à l’origine du Pont Renault reliant l’île Seguin à Boulogne-Billancourt. « Nous avons travaillé en commun avec les ingénieurs pour parvenir à un geste minimal tout en valorisant les parcours. La force d’un ouvrage d’art est de capter le vide, ce qui est différent en architecture car les projets sont plus complexes », poursuit Marc Barani, qui a travaillé pour ce projet sur un rapport direct entre la forme et le fond. Distinct du parcours des autos, des vélos, les piétons peuvent ici s’asseoir en gradins pour ressentir l’apesanteur. L’atelier Barani a également signé plus récemment la réalisation de l’Ecole Nationale Supérieure de Photographie à Arles, juste en face de la Tour Luma de Frank Gehry, en quête de spectaculaire pour exister. « Nous avons choisi d’organiser l’école selon deux forces, l’une centrifuge et l’autre centripète, avec une grande ouverture vitrée donnant à voir les enseignements et un bâtiment symbolisant à l’inverse le repli sur soi. La sérendipité est très à la mode aujourd’hui, comme s’il fallait toujours être ensemble. Il faut à mon sens également des espaces méditatifs à l’abri du monde. » Des lieux donc qui donnent à vivre l’espace ensemble, valorisant les activités humaines et le travail, tout en ouvrant la possibilité d’un au-delà de l’architecture, en éprouvant en chemin l’ici et maintenant.

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Ecole nationale supérieure de la photographie d’Arles. Ce bâtiment, où les enseignements se donnent à voir aux passants, valorise le paysage architectural arlésien.
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