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PORTRAITS

Ils sont artiste, cheffe étoilée, designer ou apiculteur, pilote automobile ou créatrice de mode. Leur point commun ? Ces personnalités glamour ou au cœur de la vie culturelle, économique et sociale régionale sont les moteurs de l’actualité azuréenne. Découvrez sans filtre le témoignage de leur parcours, leurs rêves, leurs ambitions et leurs projets à venir.

novembre 2022

Patrick Rampal

  • Vers la médecine de demain
  • Professeur de gastroentérologie et ancien doyen de la Faculté de Médecine de Nice, il est aujourd’hui le président du Centre Scientifique de Monaco, le CSM. Selon lui, quelles seront les évolutions de la Santé ? Rencontre.
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Professeur de gastroentérologie et ancien doyen de la Faculté de Médecine de Nice, il est aujourd’hui le président du Centre Scientifique de Monaco, le CSM. Selon lui, quelles seront les évolutions de la Santé ? Rencontre.

 

Vous avez eu une carrière très variée touchant l‘enseignement, le soin et la recherche. Quels sont pour vous les faits marquants de cette expérience multidisciplinaire ?
D’abord chaque étape m’a offert des rencontres exceptionnelles et, collaborateurs, collègues, confrères, chercheurs, élèves ou patients, m’ont permis un parcours riche et enthousiasmant. Le monde de la recherche m’a passionné, j’ai été profondément marqué par le « fellowship » de recherche que j’ai fait à Harvard Medical School en début de carrière. J’ai aussi tiré beaucoup de satisfaction des activités cliniques et du contact avec le patient. L’animation d’une équipe, qu’elle soit de recherche ou un service hospitalier, m’a fait découvrir les nécessités d’afficher une stratégie de développement, d’assurer une prospective pour les carrières des collaborateurs et de gérer les subtilités des interfaces avec l’administration. Je dois beaucoup à mes Maîtres Jean Delmont, Henri Richelme et Guy Darcourt qui m’ont appris à gérer au mieux des situations parfois délicates. Plus tard, j’ai découvert au CSM le monde de l’environnement et les risques auxquels est exposée notre santé, du fait du réchauffement climatique, des pollutions terrestres, atmosphériques et océaniques et la nécessité de préserver la biodiversité.

 Quelle vision portez-vous aujourd’hui sur le monde de la Santé au détour de ces cinquante années de carrière médicale ?
Je retiens un fait majeur, la Santé devient un concept multidisciplinaire. On dit aujourd’hui « global » ! De nos jours, l’acte de soin ne peut être que collectif, multidisciplinaire et associer à la médecine curative, des mesures préventives et en postcure, la réhabilitation. Cette prise en charge dans le cadre d’un parcours de soins, plus que d’un acte, va bénéficier des ouvertures qu’apportent les systèmes d’information facilitateurs de partage et d’échanges, la télémédecine, l’Intelligence Artificielle, la télémédecine qui conduiront à un décloisonnement des métiers de santé.

Comment se fera à votre avis la prise en charge médicale d’excellence ?
A plusieurs niveaux : les soins de proximité bénéficieront de l’expertise de soignants formés aux soins primaires et aux conseils en santé, les soins de recours seront diligentés dans des plateformes d’expertises de haute technologie développées par des espaces de coopération sanitaires qui associeront le secteur privé et le secteur public. Ce décloisonnement sera aussi géographique et devra tirer bénéfice dans notre région PACA-Est de toute la richesse de nos compétences. L’excellence médicale repose comme toujours sur la recherche médicale, mais tout particulièrement la « médecine personnalisée » qui consiste à adapter les traitements aux caractéristiques des patients, repose sur les avancées dans le domaine de la génétique, de l’immunologie, et qui permettent désormais cette médecine de précision.

 Que pense l’ancien Doyen que vous êtes de la formation des futurs soignants ?
Il ne faut pas perdre de vue l’importance de l’enseignement clinique, menacé par les progrès technologiques et de la recherche clinique qui est motrice de la qualité des soins. La révolution numérique, robotique, l’IA, les objets connectés constituent une avancée technologique majeure qui doit participer, sans supplanter le sens clinique ! Seule une forte intégration de l’enseignement en santé dans l’Université, permet les approches multidisciplinaires qui seront nécessaires. La formation des futurs médecins devra, bien sûr, porter sur les sciences médicales, mais aussi sur les sciences humaines, la sociologie, le droit, l’éthique, l’économie, les sciences de l’environnement, la santé animale et la production agricole. Cette formation transversale, « décloisonnée », sera possible grâce à l’accès aux outils numériques et à des modalités pédagogiques renouvelées et adaptées aux aspirations des plus jeunes qui nous soigneront demain. C’est au prix de ce « décloisonnement », technologique, humain, scientifique, géographique et académique que nous pourrons au mieux aborder le concept de « Santé globale » et prendre en compte les différentes composantes humaines, animales et environnementales qui déterminent la qualité de notre avenir sur cette planète.

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