Sa jeunesse, elle l’a passée à démé-nager souvent avec sa mère, institutrice à l’origine et qui a pris en charge l’enseignement de ses enfants à la maison. « Quand nous sommes revenus d’Italie en France, j’avais 14 ans et les profs ne savaient pas trop quoi faire de moi car je suis arrivée trilingue mais nulle en maths, une matière que maman n’aimait pas. Comme j’étais une fille, ils m’ont donc mise en apprentissage coiffure », explique Nathalie Frappart avec ironie. Un calvaire pour elle : « Je n’étais ni sociable ni attachée aux apparences, j’ai donc passé un an à étudier dans l’arrière-boutique les PH des couleurs ! » Devant son enthousiasme pour les sciences, elle finira par être acceptée en apprentissage par un électricien. « J’ai découvert l’univers du chantier et ça m’a plu ! Après cette pratique assez classique, j’ai intégré une entreprise très moderne dans le secteur de la domotique et des alarmes, et obtenu de plus hauts diplômes. » Au cours des 18 années passées dans cette structure, l’électricienne forme alors des apprenti-e-s et stagiaires, et se plaît à transmettre. Elle finit même par devenir formatrice en domotique à temps plein, mais c’était sans compter sur son hyperactivité : « Venir tous les jours travailler avec les mêmes gens, dans le même lieu, je bouillonnais tellement que je compensais par des sports de montagne, l’escalade et le canyoning. » Ce n’est donc qu’en 2012 qu’elle finira par créer son entreprise, qui fête cette année ses 10 ans !
SE REMONTER LES MANCHES
Ayant aujourd’hui avec elle un apprenti, l’électricienne voudrait bien embaucher, ce qui semble toutefois peu évident : « Je suis spécialisée dans l’industrie et le tertiaire, je peux donc intervenir dans des établissements pour handicapés comme des usines de retraitement de déchets. C’est très pointu et quand les gens acquièrent des compétences, ensuite ils ne veulent plus se salir ». Très engagée auprès des syndicats d’artisans électriciens, elle milite également dans les collèges en faveur de la parité et de l’entreprenariat au féminin avec le réseau Femmes Chefs d’Entreprises et l’association 100 000 Entrepreneurs. Sa fierté actuellement ? « Ma fille, qui est infirmière à la base, est en train de finir la maison d’un agriculteur en y faisant la tapisserie, le carrelage, la plomberie. Lorsque les hommes transmettent uniquement à leurs fils ces compétences pratiques, ils privent les femmes de savoir-faire nécessaires, y compris pour gérer une entreprise. » Ce qu’elle déteste ainsi le plus : quand on l’interroge sur son parcours, ses diplômes, parce qu’on doute d’elle en tant que femme. Là, sa réponse est sans concession : « Oseriez-vous poser la même question à un homme ? ».