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PORTRAITS

Ils sont artiste, cheffe étoilée, designer ou apiculteur, pilote automobile ou créatrice de mode. Leur point commun ? Ces personnalités glamour ou au cœur de la vie culturelle, économique et sociale régionale sont les moteurs de l’actualité azuréenne. Découvrez sans filtre le témoignage de leur parcours, leurs rêves, leurs ambitions et leurs projets à venir.

décembre 2021

Richard Chemla

  • « L’environnement impacte fortement notre santé »
  • A la Métropole Nice-Côte d’Azur, ce médecin anesthésiste, passionné de plongée sous-marine, est en charge de la transition écologique de notre territoire. Bilan sur les actions menées et à venir.
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A la Métropole Nice-Côte d’Azur, ce médecin anesthésiste, passionné de plongée sous-marine, est en charge de la transition écologique de notre territoire. Bilan sur les actions menées et à venir.

Vice-président de la Métropole, vous êtes également adjoint au maire de Nice, délégué à la santé, à l’écologie et au bien-être. Quel est pour vous le lien entre ces trois enjeux ?
« Je reviens justement de Rennes, où s’est tenu le colloque national du Réseau français des Villes-Santé de l’OMS, et dont Nice est désormais vice-présidente. Toutes les villes présentes y étaient d’accord sur le concept de santé unique, ce que les Anglo-Saxons appellent One Health. L’idée est que notre santé, celle de la planète et des autres espèces animales doivent être étroitement liées. Favoriser la qualité de l’air, diminuer le bruit, produire des aliments plus sains contribue à améliorer la santé des enfants, des femmes et des hommes. S’il s’agit en premier lieu d’éviter les maladies, l’objectif est d’aller plus loin en développant le bien-être physique, mental et social. Aujourd’hui, il n’est donc plus suffisant de savoir les choses, il faut accepter de changer nos comportements. »

La pollution de l’air est l’un des points les plus préoccupants dans la Métropole, comment abordez-vous cette question en termes de mobilités ?
C’est un point prioritaire oui, car nous sommes enchâssés entre les montagnes, la mer et une chaleur importante qui provoque de l’ozone. Il faut donc réenvisager nos façons de nous déplacer. Le vélo n’est pas un mode de transport bobo mais au contraire une mobilité douce qui diminue les particules fines dans l’atmosphère et qui est bonne pour le cœur. Nous travaillons au développement de garages à vélo et à la sécurisation des pistes afin de donner envie aux cyclistes de demain. Si l’aéroport, qui est géré par une compagnie privée, est indispensable à l’économie de notre territoire, nous souhaitons soutenir son trafic sans pour autant le développer. Nous avons obtenu que les émissions au sol y soient réduites à zéro, mais la pollution se fait lorsque l’avion décolle et atterrit, ce qui représente 3 à 8 % de gaz à effets de serre, soit l’équivalent de nos déchets. On doit donc limiter ses déplacements en avion à l’essentiel et privilégier le train pour les trajets de moins de 1 000 kilomètres. Pour ce qui est de la pollution au port, il y a une différence entre les fumées et les microparticules que nous avons réduites au maximum, en imposant aux navires l’utilisation de fiouls ne contenant pas plus de 0,1 % de soufre. L’arrivée des Tram 1 et 2 a aussi diminué drastiquement la pollution aux particules fines et nous allons instaurer une Zone à Faible Emission en Centre-ville. Il y aura donc des restrictions de circulation pour les véhicules les plus polluants grâce à l’utilisation de vignettes Crit’air. La voiture reste un facteur de pollution alors si l’on doit aller chercher du pain, faire ses courses et récupérer ses enfants, mieux vaut grouper au maximum ses trajets. Autant que faire se peut, privilégions le covoiturage, le tram, le bus électrique ou le vélo, sachant qu’évidemment le mieux reste de se déplacer à pied en ville. C’est une question d’équilibre.

En dehors des particules fines, il s’agit aussi de changer les habitudes en matière d’alimentation et de consommation n’est-ce pas ?
« Oui, et c’est en cela que la prévention, qui passe par l’éducation, est primordiale. Au niveau de la Ville de Nice, nous avons démultiplié les contacts santé, en organisant un zoom une fois par mois avec le public sur des sujets importants comme le diabète. Notre objectif est de développer la médecine intégrative en implantant d’abord au moins deux maisons de santé, afin d’en améliorer l’accès pour tous. Nous travaillons sur le terrain avec des associations qui sensibilisent les adultes et enfants de notre métropole à ces enjeux. La qualité de l’air est en effet également celle du logement. Il s’agit de diminuer son chauffage, d’éviter la moquette au sol, d’aérer régulièrement et cela est d’autant plus important en cette période de crise sanitaire. Pour accueillir un bébé, mieux vaut ne pas repeindre pour éviter les composés organiques volatiles, et si l’on opte pour un lit neuf, l’acheter au moins un mois avant. Dans les cosmétiques, restons vigilants sur les nanoparticules, et évitons pour les mêmes raisons les fameux vêtements antitaches ou anti-transpirants. Pour ce qui est de l’alimentation, il s’agit de manger moins gras et limiter les contenants en plastique en privilégiant le verre quand cela est possible. En matière de restauration scolaire à Nice, la nourriture est désormais réchauffée dans des plats en inox et les enfants sont servis dans des barquettes en bambou. Cela permet d’éviter les perturbateurs endocriniens, qui peuvent causer des troubles hormonaux et à l’extrême des cancers de la thyroïde, du pancréas ou du foie. Nous ne sommes pas encore en tout bio mais nous mettons petit à petit en place un projet alimentaire territorial. Nous avons désormais trois jours d’autonomie, et nous favorisons le bio et les producteurs locaux, l’idée n’étant pas non plus de prendre du bio de l’autre bout du monde. La Ville de Nice va d’ailleurs signer la charte sans perturbateurs endocriniens du Réseau Santé Environnement dans les prochaines semaines.

L’après tempête Alex dans nos vallées ainsi que la crise de la Covid-19 ont aussi fortement impacté l’année écoulée, quel bilan en tirez-vous ?
Nous avons été élus en 2020 et il nous reste cinq ans pour continuer à réduire les gaz à effet de serre. D’ici 2030-2040, nous devrons être sortis de ces problématiques et apporter une qualité de vie exemplaire dans la Métropole. En un an, nous avons déjà mis en place le plan vélo, le plan alimentation débute maintenant, et nous travaillons à augmenter la végétalisation dans les écoles et partout sur notre territoire. Nous avons créé la première Agence de Sécurité sanitaire, environnementale et de gestion des risques de France, et des zones marines protégées sont à l’étude, mais nous pouvons encore faire beaucoup plus. La qualité de l’air, le bruit et l’alimentation font partie de nos projets prioritaires. Les praticiens de santé sont impliqués sur notre territoire en faveur des patients, et des événements comme les Palmes de la Médecine permettent de mettre en lumière leur engagement, qui va de pair avec l’environnement. La santé ainsi se traite dans le secteur médical, et bien au-delà.

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