PORTRAITS

C’est au lycée des métiers de l’optique, dans le Jura, berceau de la lunetterie française, que Florent Grellet reçoit son premier prix du Design. Opticien pour un grand groupe pendant plusieurs années, il arrive sur la Côte d’Azur en 2012 et installe son atelier au Cannet, labellisée « ville et métiers d’art ». Il y crée des montures sur mesure avant de lancer sa propre marque en 2013, Dokomotto. Un clin d’œil au Japon (Doukou signifie pupille), réputé pour son artisanat en matière de lunetterie. Tel un orfèvre, Florent dessine et conçoit les prototypes de montures d’exception. Il réinvente des modèles mythiques, s’inspire de l’art, de la nature, joue avec les formes, les matières, ose les couleurs audacieuses. « Je réalise une douzaine de modèles par an dont seulement la moitié est commercialisée. Je peux commencer une monture, la laisser, la retravailler plusieurs mois après », confie-t-il. Les lunettes sont ensuite façonnées à la main, numérotées et produites en petites séries dans une manufacture jurassienne, avec laquelle il partage le même engagement pour l’excellence, la singularité et la préservation d’un savoir-faire français.

Transformer la matière
« La volonté est de rendre l’exceptionnel accessible. Tout est réalisé à la main, c’est une vraie valeur ajoutée et un défi aussi. Celui de faire comprendre que ce n’est pas seulement un bout de plastique », explique-t-il. De cette synergie, naît la volonté d’explorer d’autres matières plus écoresponsables qui se substitueraient aux plaques d’acétate, que l’artisan crée lui-même, incrustant de la dentelle ou de la guirlande de Noël, par exemple. En quête perpétuelle d’innovation, Florent conçoit une collection 100 % naturelle à partir de corne, bois, cuir ou coquillage. Réalisés à partir de matériaux biosourcés, ces bijoux de légèreté et de design sont le fruit d’une collaboration avec une start-up toulousaine qui travaille le produit brut associé à un composite d’origine végétale pour la souplesse de la monture. Une collection remarquée et reconnue, puisqu’il est nominé au Silmo d’Or à Paris (grand prix du Mondial de l’Optique) pour « Lunettes nature » et, en parallèle, reçoit le prix de l’Artisanat et des Métiers aux Trophées Microfinance Success. Florent persévère dans sa volonté écologique et travaille actuellement sur une monture à partir de fleurs. Une collaboration locale qui permettra d’upcycler le tourteau des plantes des parfumeurs grassois.

Par Carolyn Paul – Photo Jean-Michel Sordello