Ernest Pignon-Ernest

 
 ernest pignon juillet 2016

 

Le MAMAC braque les projecteurs sur l’artiste plasticien niçois, pionnier de l’art urbain, qui investit depuis cinquante ans les murs du monde avec ses images engagées, poétiques et dramatiques.

 

C’est l’une des plus belles expositions estivales sur la Côte d’Azur : la grande rétrospective dédiée à Ernest Pignon-Ernest au musée d’Art Moderne et Contemporain de Nice. Une exposition d’autant plus incontournable que ses images à l’esthétique remarquable et au contenu éthique fort s’effacent au fil du temps dans les rues qu’il a choisies pour ses interventions depuis 1966, de Charleville à Paris, de Naples à Alger, et de l’Afrique du Sud au Chili. Croquis, esquisses préparatoires, dessins matrices de sérigraphies et photographies in situ sont ainsi les témoignages les plus durables de cet art éphémère, qui réactive dans les villes une histoire enfouie, oubliée ou banalisée. Un parcours mis en scène en trois sections par Ernest Pignon-Ernest, qui dévoile aussi à cette occasion ses représentations de mystiques chrétiennes de la série Extases à l’église abbatiale de Saint-Pons.

 

Recréer l’espace et le temps sur les murs
Après une première exposition au musée il y a 21 ans, consacrée à sa période napolitaine, cette rétrospective présente ses plus grandes interventions urbaines. Elle débute avec une œuvre réalisée pour la prison de Lyon en 2012, évoquant l’ecce homo. Dans ses dessins, Ernest Pignon-Ernest fait aussi référence au Saint-Suaire. « Même si je ne suis pas croyant, l’image de la mort du Christ a fortement marqué l’histoire de l’art. Et mon travail, toujours réalisé à l’échelle réelle, porte cette idée d’une empreinte. C’est à la fois une présence et une absence, comme des traces sur le sable », témoigne l’artiste plasticien. Sensible aux problèmes de son temps, il a recouvert les marches du Sacré-Cœur de représentations de gisants lors du centenaire de la Commune en 1971. Scandalisé par le jumelage de Nice avec Le Cap en 1974, alors que l’apartheid venait d’être qualifié par l’ONU de crime contre l’humanité, il a aussi inondé la ville d’images d’une famille noire derrière des barbelés.

 

L’image de Rimbaud, de Charleville à Paris
Dans une deuxième section, Ernest Pignon-Ernest a réuni trois de ses thèmes majeurs, témoignant du syncrétisme de son œuvre : Naples, les cabines téléphoniques de Lyon et Paris, dans lesquelles il a représenté des individus isolés derrière ces blocs vitrés, et Soweto en Afrique du Sud, où il a travaillé sur les ravages du Sida dans les bidonvilles. « J’ai dû coller à Naples entre 200 et 300 images. C’était ma façon d’interroger notre culture méditerranéenne. Je pouvais par exemple travailler sur une église ex-voto de la Grande peste comme sur un mur du XVIIe », ajoute l’artiste, qui explore chaque fois la charge symbolique des lieux, tout comme leur couleur et leur lumière. Une rétrospective couronnée par la salle des poètes, de Gérard de Nerval à Mahmoud Darwich, en passant par Rimbaud, Desnos, Artaud et Pasolini. Et de conclure : « Si Picasso et Braque sont pour moi essentiels, les poètes ont nourri mes travaux. À travers leur vie et leur mort, ils portent les stigmates de leur temps. »

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