May 2016

Cyril Chênebeau

  • « L’architecture, c’est une question de mesure »
 
 cyril chenebeau

Lauréat du prix Réhabilitation du concours ArchiCOTE 2015 pour sa maison rurale à Sclos de Conte, il réalise d’ambitieux projets avec Marc Barani. Visions et techniques d’un architecte prometteur.

 

Comment avez-vous débuté dans le métier et dans le Sud, aux côtés de Marc Barani ?
Avant d’être architecte, j’ai fait des études de génie civil à Nantes. Suite à cette formation, qui englobe une approche sur l'ensemble des techniques constructives, j'ai intégré l’École d’architecture de Paris-Tolbiac. À l’occasion de mon diplôme en 1997, traitant de constructions inscrites dans les coteaux de la Loire, je me suis intéressé au rapport à la pente du cimetière de Roquebrune-Cap-Martin réalisé par Marc Barani. En 2001, il a fait appel à moi pour le pôle d’échange multimodal du tramway de Nice, en tant que chef de projet et de direction de travaux. Un bâtiment récompensé part l’Équerre d’Argent en 2008. Depuis, nous poursuivons notre collaboration sur des chantiers publics et privés comme le pôle d’échange multimodal de Marseille, en cours de réalisation.

 

Quelle vision avez-vous de l’architecture et du rôle de l’architecte aujourd’hui ?
En France, la loi oblige à avoir recours à un architecte à partir de 150 m2. Néanmoins, il est important de mettre en avant auprès du grand public que la valeur ajoutée de l’architecte démarre dès le premier mètre carré. En effet, sa mission ne se cantonne pas à la conception, l’étape du suivi du chantier est cruciale pour garantir auprès de son client la qualité de réalisation, le respect des coûts et du délai. Les travaux de la maison de Sclos de Contes en sont un bon exemple : une enveloppe globale respectée grâce à une maîtrise des coûts, pour une surface qui ne nécessitait pas a priori une mission d'architecte. La réussite d'un projet immobilier se construit sur une relation de confiance entre les trois protagonistes que sont le client, l'architecte et l’entrepreneur.

 

Quelles ont été vos lignes directrices pour cette réhabilitation et extension à Sclos de Contes ?
Située non loin de Nice, la maison est implantée en contrebas d’un ancien chemin, sur un terrain en pente constitué de plusieurs terrasses plantées. J’ai fait le choix de prendre le contre-pied du schéma traditionnel de la maison provençale et de la problématique de l’adossement, en réalisant un deuxième volume décalé de la bâtisse principale. Une articulation qui crée une tension entre l’ancien et le nouveau. Nous avons peint la façade en ocre, refait la toiture avec des tuiles canal et redessiné les encadrements pour redonner à la maison son esprit d’origine, et travaillé l'extension en béton de ciment blanc bouchardé. La connexion entre la bâtisse et son extension se fait par le vide au moyen d’une large baie d’angle qui, ouverte, offre une parfaite fluidité entre intérieur et extérieur.

 

Comment développez-vous ces thèmes dans les appartements haut de gamme ?
J’ai redessiné un appartement de 650 m2 dans le 16e arrondissement à Paris avec le designer Éric Benqué. Il s’agissait d’un projet de réhabilitation de grand luxe, livré clé en main. Les appartements de type haussman­niens présentent souvent un avant avec les pièces nobles et un arrière avec les espaces dits de service. À partir de cette typologie, nous avons voulu décloisonner le lieu tout en travaillant les effets d’enfilades et de perspectives. À Nice, j’ai aussi assuré la reconfiguration et l’aménagement intérieur d’un appartement de 120 m2. Mon but était de retrouver la continuité de sa façade bourgeoise, avec toujours cette volonté d’intégrer le mobilier et l’emploi de matériaux nobles.