![]() |
Avec Rocco, les danseurs deviennent des boxeurs, et les boxeurs des danseurs. |
Ils sont venus l’un du sud de l’Italie, l’autre du nord de l’Europe. Voyons dans cette tension géographique le signe de leur complémentarité. Ce goût du grand écart, ils l’insufflent aussi aux danseuses et danseurs de la troupe dont les corps se trouvent magnifiés autant par le talent que l’effort.
En 2014, Emio et Pieter déjà fondateurs de ICKamsterdam se voient confier la direction du centre chorégraphique national de Marseille. Notons que leur engagement dans la danse contemporaine ressemble, par l’esprit, à celui du père fondateur Roland Petit : recentrer la recherche chorégraphique sur le corps dans son actualité vécue et transcendée. Le lancement des Ballets de Marseille en 1972 se fit en effet à la salle Vallier, lieu dédié – est-ce un hasard ? – au sport, notamment à la boxe, avec une production accompagnée en live par le groupe mythique des Pink Floyd. Leur style, autant dans des créations propres que des productions avec des compagnies partenaires ou des invités, est reconnaissable en ce qu’il évoque le body art, la performance, le tribal et la transe. Corps sexué, amoureux, révolté, combattant ou conceptualisé par le thème et le décor, le corps dans tous ses états qui donne à voir son intériorité, c’est ce qu’expriment des pièces en forme de manifeste comme Extremalism, Le Corps du Ballet National de Marseille évidemment, et Rocco. En devenir et au présent, une réflexion sur le foot qu’interprète un danseur fan de ballon rond, le but justement étant non d’envoyer mourir la balle au fond du filet, mais d’exprimer ce mouvement suspendu de la terre aussi légère qu’une bulle de savon née du souffle d’un enfant. « Nous avons vocation à rendre l’immatériel palpable, à le faire ressentir. » disent-ils. Ajoutons qu’ils font s’incarner spectaculairement dans le mouvement, l’existentiel et le sacré qui sont l’âme de la danse.
Ballet national de Marseille
20 boulevard de Gabès, 8e
Tél.04 91 32 72 72