Auteure d’une des premières études sur le sujet, cette gynécologue propose un traitement novateur aux femmes privées d’œstrogènes par l’âge ou par une hormonothérapie prescrite en cas de cancer du sein.
L’acide hyaluronique, beaucoup de femmes connaissent. Utilisée en injection, cette molécule permet de lutter contre le vieillissement de la peau en comblant les rides et en hydratant en profondeur. Une gynécologue parisienne travaille depuis cinq ans sur une autre utilisation, révolutionnaire, de ce produit.
« Le traitement par l’acide hyaluronique sur la sphère génitale permet de traiter les femmes ménopausées qui, se trouvant privées d’œstrogènes, présentent une perte de souplesse et d’hydratation du vagin.
Cette sécheresse vaginale entraîne brûlures, inconfort et démangeaisons. L’impact sur la libido est très important du fait des douleurs ressenties lors de rapports sexuels. C’est un traitement qui marche tellement bien que ça me passionne ! C’est simple indolore efficace. Or les femmes, traitées pour un cancer du sein, se trouvent dans le même état de privation œstrogénique qu’après la ménopause. » Elle a eu l’idée de les traiter, elles aussi, avec l’Acide Hyaluronique. Et la magie s’opère : c’est efficace !
Le Dr Pascale Serfati lève un tabou et œuvre pour libérer la parole des femmes. Notamment celles qui, après le diagnostic d’un cancer du sein, doivent subir une hormonothérapie adjuvante qui bloque la sécrétion d’œstrogènes et les met en état de ménopause et même jeune parfois. Les inconvénients sont tels que beaucoup renoncent à poursuivre. « Ce traitement est pourtant essentiel car il les protège des
récidives et améliore la survie. Or 30 % des femmes laissent tomber et se mettent en état de sur-risque de récidive en raison en partie des troubles sexuels dont elles souffrent » Dès lors le Dr Serfati a-t-elle décidé de se battre pour que ce traitement dit « de confort » soit reconnu comme « un traitement de support » dans le cas d’un cancer du sein et ainsi pris en charge par les assurances. « Nous avons publié la première grande étude sur le sujet. Desirial®, le produit utilisé est français. Les contre-indications se limitent aux infections vaginales et aux crises d’herpès. Les injections sont pratiquées sous anesthésie locale au cabinet, sous anesthésie locale. Les patientes ne sentent presque rien et respirent un gaz dans un masque qui les détend durant l’intervention. Après cinq mois, 75 % d’entre elles se déclarent très
satisfaites ». Seul problème, comme pour les rides, le traitement n’est pas définitif. Une nouvelle injection doit être pratiquée cinq mois après la première et une troisième un an et demi après. Le traitement constitue une réelle avancée dans la prise en charge des femmes qui sont privées d’œstrogènes. La solution souvent adoptée, le traitement substitutif, a généré de nombreuses polémiques entre médecins. De plus il ne peut être prescrit à une femme ayant présenté un cancer du sein. L’acide hyaluronique en revanche ne présente pas de risque. Et il peut changer la vie.
Par Nicole Laffont