Des mots et des mets

 

 

Frédéric Beigbeder, détente en lecture, à la Bastide de Gordes.

En réservant pour un séjour provençal à la Bastide de Gordes, Jonathan Lambert ne s’attendait sans doute pas à concevoir pour ce lieu un prix littéraire. 2017, seconde édition, charme de la vie.

 

Une fois passé le ravissement des lieux, c’est l’omniprésence litté­raire qui saisit. Qui emporte, çà et là, dans chaque pièce, chaque recoin. Le livre est là. Jusque dans la salle de bains. Jonathan Lambert, comédien et showman enthousiasmant, s’y baigne ainsi, en lisant. Germe alors l’idée qu’un tel lieu mérite son prix littéraire. Une pensée pour ainsi dire aussitôt entendue avec, pour concept fondateur, le parrainage. Les quatre membres du jury, compères au demeurant, présentent chacun un jeune romancier ou une jeune romancière dont le premier roman est publié pour la rentrée littéraire. Frédéric Beigbeder, Régis Jauffret, Christophe Ono-dit-Biot et Patrick Besson sélectionnent celle ou celui qui sera, à leur sens, la grande plume de demain. De belles révélations qui inspireront leur délibération à huis clos.

 

Débat animé ouvre l’appétit !
Et c’est l’étoilé Pierre Gagnaire qui œuvre. Au piano du Pèir, le restaurant gastronomique de la Bastide de Gordes, il ponctue de délices les délibé­rations et le débat. Un débat public sur le thème, goûtu, de « la cuisine dans le roman ». Auteurs et chef dissertent et régalent leur auditoire en attendant l’annonce du lauréat. Parrainée par Frédéric Beigbeder, c’est à Eva Ionesco, pour son livre Innocence, publié aux éditions Grasset, qu’est revenu le prix 2017. « Elle s’appelle Eva, elle est adorable avec ses boucles blondes et ses bras potelés […]. Photographe, elle (sa mère, N.D.L.R.) prend Eva comme modèle érotique dès l’âge de quatre ans, l’oblige à des postures toujours plus suggestives, vend son image à la presse magazine… » Ce livre nous mène vers des eaux troubles et ravageuses.