Tournage d’une scène de la série Riviera, place Masséna à Nice en 2016.
Si Cannes, Monaco et Nice sont les spots les plus prisés au cinéma sur la Côte d’Azur, les publicités et séries télé contribuent tout autant au dynamisme de l’économie de l’image et de l’audiovisuel.
La Côte d’Azur a très tôt attiré réalisateurs et producteurs, et pour cause : un littoral méditerranéen dentelé de plages, des palaces, casinos et luxueuses villas, mais aussi un arrière-pays sillonné de villages. Un décor propice à l’évasion, au rêve, placé sous le signe du glamour ou de l’adrénaline, lorsqu’il devient le théâtre d’enquêtes ou d’incroyables courses-poursuites. Et ici, on ne manque pas de professionnels ni même de figurants, qui se tiennent informés des castings via les réseaux sociaux. Alors bien sûr, les jours et lieux de tournages sont tenus secrets, histoire de ne pas spoiler l’intrigue et d’éviter les hordes de fans pour les superproductions internationales. Mais les sorties au cinéma témoignent de toutes les prises de vue ces dernières années. Il y a les films qui ont pour écrin principal le département, comme Les Drapeaux de papier, réalisé par Nathan Ambrosioni alors qu’il n’avait que 18 ans, et Brillantissime, avec l’incontournable Michèle Laroque à Nice. Et puis toutes ces scènes à voir dans Nicky Larson et le Parfum de Cupidon, La Promesse de l’aube, Un Sac de billes, Rock’n Roll avec Guillaume Canet et Marion Cotillard, mais aussi Johnny English III, l’agent secret aux méthodes obsolètes, Pitch Perfect III,retraçant les aventures musicales des Bellas, Cinquante nuances plus claires, en pleine lune de miel, et bien d’autres longs-métrages français, européens ou américains.
Super-Cannes et les îles à l’horizon
« L’année se fait surtout entre avril et novembre. Au-delà du décor, l’activité événementielle attire aussi beaucoup de projets », s’enthousiasme Paul Vallespi, scénariste et assistant réalisateur. En plus de la Croisette, du Carlton et des vues de la Californie, Cannes a en effet comme atout majeur son festival. Ce célèbre tapis rouge que montaient Serge et Émile dans La Cité de la peur (1994), et où débutait aussi Femme Fatale (2005) de Brian de Palma, avec le vol d’un plastron serti de diamants. Plus récemment, c’est La Camérade Claire, retraçant l’histoire d’une enseignante et écrivaine incarnée par Isabelle Huppert, qui a été tourné intégralement pendant le FIF 2016. Et l’on sait que pour L’Oréal, l’événement people cannois est aussi l’occasion de réunir ses égéries et mannequins pour réaliser une publicité de prestige, avec des équipes au top niveau. Car oui, les pubs représentent près d’un tiers des tournages sur la Riviera, avec souvent des budgets conséquents.
Un casino mythique en Principauté
Deuxième rendez-vous majeur du calendrier azuréen : le Grand Prix de F1 de Monaco, qui attire les grandes marques de luxe, boissons alcoolisées et automobiles. Il n’y a qu’à voir les spots de l’irlandaise Guinness, de la néerlandaise Heineken, des whiskys Johnny Walker, ou encore de Jaguar ou Austin Mini pour s’en convaincre. Résidant en Principauté, le numéro un du tennis mondial Novak Djokovic est aussi chaque année la vedette de publicités. Monaco et sa place du Casino, l’Hôtel de Paris, l’Hôtel Hermitage, le Rocher et la plage du Larvotto font partie des décors les plus convoités. Comment ne pas citer en effet des films comme Goldeneye (1995), Ocean’s Twelve (2004), Coco (2009), Iron Man 2 (2010), L’Arnacœur (2010) et Grace (2014) avec Nicole Kidman dans le rôle-titre. La série Amour, Gloire et Beauté a elle aussi été tournée sur place, lors du 56e Festival de Télévision.
Nissa la Bella et tout un arrière-pays
« Si les longs-métrages viennent le plus souvent quelques jours, les séries quant à elles peuvent s’implanter sur le long terme », s’enthousiasme Stéphanie Gac, de la Commission du Film Alpes-Maritimes Côte d’Azur*. Diffusée sur TF1, Section de recherches représente ainsi en moyenne 140 jours de tournage par an pour quatorze épisodes. Après sept saisons à Bordeaux, la production a en effet décidé de relocaliser la série à Grasse, pour bénéficier d’une météo plus clémente. Et depuis 2017, la Côte d’Azur est même devenue le territoire clé de la série Riviera de l’Irlandais Neil Jordan, diffusée sur la chaîne britannique Sky Atlantic et sur SFR Play en France. Sa saison 1 a ainsi eu près de 20 millions d’euros de retombées économiques directes pour le département en six mois et demi de tournage, si l’on comprend l’hébergement, les transports, la location de matériel, les ressources humaines, le staff technique. À Nice, ses camions s’installent généralement sur le port et aux studios de la Victorine. Un véritable village de métiers : maquillage, coiffure, décoration, électronique, caméras, production, comptabilité… soit environ quatre-vingts personnes, auxquelles on peut ajouter une cinquantaine de comédiens et parfois jusqu’à mille figurants ! Et l’avantage, c’est la récurrence, puisque deux saisons de Riviera ont déjà été tournées, en espérant bien sûr une saison 3. Au-delà de la promenade des Anglais avec le Negresco et l’aéroport de Nice, du cap d’Antibes entre le Belles Rives et la Villa Eilenroc, il faut citer parmi les sites qui plaisent aux réalisateurs : l’hippodrome de Cagnes-sur-Mer, le château de Mandelieu-la-Napoule, le golf de Mougins… Sans oublier les publicités tournées en drone au col de Vence, les émissions de flux réalisées à Saint-Paul-de-Vence, les stations de ski et le Mercantour. Bref, plus d’une ressource en termes de compétences et de territoire qui contribuent à la croissance du secteur, loin de se résumer à de simples beauty shots ou general views, des vues de beaux décors.
En chiffres*, la filière de l’image et de l’audiovisuel sur la Côte d’Azur
300 entreprises, 1 650 emplois, 200 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel, 460 projets recensés en 2017, 5 000 jours de tournage/an en région Sud qui se classe en 2e position après l’Île-de-France, les Alpes-Maritimes accueillant 1300 à 1600 jours de tournage par an.
* D’après une étude de la CCI Nice Côte d’Azur
* Présidée par David Lisnard, maire de Cannes, et vice-présidée par Jean-Pierre Savarino, président de la CCI Nice Côte d’Azur.
Par Tanja Stojanov