Cédric Teisseire

Les années passent et, dans les travaux de Cédric Teisseire, il y a toujours cette constante : les toiles aux lignes verticales colorées, qu’il réalise à la seringue. « Accompli de manière sérielle, ce geste produit chaque fois une œuvre différente », commente l’artiste. Ces tableaux abstraits, en lien avec l’art concret et le mouvement Supports/Surfaces, sont comme un journal de bord de son atelier depuis 1993, composé avec les pots de peinture qu’il a sur le moment. Il ajoute : « Ce travail de fond me permet également de créer autre chose, car il faut du temps pour que les coulures sèchent. » Après les œuvres cabossées, dont les creux, les bosses et les lacs de peinture habillent toute la toile à la manière des monochromes, il façonne depuis deux ans un support des plus industriels. « Lorsque j’ai vu la série de feux arrière de voiture photographiés par le policier Arnold Odermatt, cela a été pour moi un véritable choc esthétique », témoigne Cédric Teisseire. En faisant fondre ce matériau et en le modelant, il produit des pièces roses, rouges, jaunes et blanches baptisées Avatars. On croit tantôt y voir une oreille, tantôt des organes, en tout cas toujours une forme anthropomorphe. Et en dehors de sa pratique personnelle, il défend aussi activement la création émergente locale. Lorsque nous avions publié son portrait dans nos pages en 2010, La Station – un collectif d’artiste qu’il a cofondé et qu’il préside encore aujourd’hui – venait à peine de s’installer dans les anciens abattoirs de la Ville de Nice. Depuis, Cédric Teisseire a également été nommé directeur artistique du Chantier 109 voisin, inauguré à l’été 2016 et qui fait la part belle à la danse, au théâtre et aux arts numériques. Et de conclure : « Près de 7 000 m2 des anciens abattoirs ont été rénovés, sur les 18 000 m2 qui devraient l’être à terme. Le but est de réunir sur place les artistes pour faire naître des synergies, qu’ils entrent en résonance, chacun selon son territoire, pour créer à destination du public. »

Par Tanja Stojanov

Photo Jean-Michel Sordello