La médecine ? Une vocation. La réanimation ? Un choix évident pour cette femme d’action qui, aujourd’hui, garde le cap au cœur de la crise sanitaire, plus investie que jamais.
« Depuis mars dernier, l’épidémie de coronavirus a bouleversé mon travail. » Une situation inédite pour le Pr Carole Ichai dont la vie professionnelle n’a pourtant rien d’un long fleuve tranquille. Chef du service de réanimation médico-chirurgicale à Pasteur 2 et Chef du pôle Anesthésie-Réanimation-Urgences du CHU de Nice, elle s’est retrouvée avec son équipe en première ligne pour gérer les cas graves. D’autant que l’Agence régionale de la santé (ARS) l’avait chargée de réguler les lits de réanimation dans les Alpes-Maritimes. Une lourde responsabilité qu’elle assume encore aujourd’hui avec la reprise de l’épidémie : « Chaque matin, je recense les lits de réanimation dans le département. Actuellement (ndlr : à la date du 10 février 2021), 50% d’entre eux sont dédiés covid. Mais si besoin, nous pouvons monter jusqu’à 80% des lits. » De la première vague à la seconde, toute une stratégie organisationnelle et médicale qu’elle détaillera dans sa conférence programmée au CUM.
Femme d’action
Cette crise sanitaire qui dure, un défi de plus pour le corps médical mais il en faudrait plus pour faire reculer le Pr Ichai. Déterminée, totalement investie dans son métier, elle s’est forgé une solide expertise académique et clinique. « Dès mon plus jeune âge, j’ai voulu être médecin » se souvient-elle. Une envie bien ancrée qui la mène sur les bancs de la Faculté de Médecine de Marseille, ville où sa famille s’est installée après avoir quitté l’Algérie, son pays de naissance. Puis cap sur Nice en 1982 pour son internat au cours duquel elle valide deux spécialités : la cardiologie et l’anesthésie-réanimation. Mais finalement, c’est la « réa lourde » qui emporte sa préférence : « J’ai tout de suite aimé son côté proactif au niveau gestuel et technique, l’urgence de sauver des vies… ». Elle devient Chef de clinique-assistant puis praticien hospitalier au CHU de Nice durant 10 ans. « Un cursus classique » commente-t-elle, qu’elle va compléter avec un doctorat en sciences. En septembre 2001, elle accède au titre de Professeur des Universités en Anesthésiologie-Réanimation. Et depuis, partage son temps entre la pratique clinique, l’enseignement et la recherche. Ses principaux domaines d’études : « les anomalies métaboliques, la traumatologie – en particulier crânienne – et la prise en charge des complications rénales chez les patients de réanimation ».
Photo Jean-Michel Sordello
Des épreuves marquantes
Un parcours ponctué aussi de drames et d’affaires très médiatisées : l’effondrement du Casino Ferber à Nice en 1994, l’accident du pilote de Formule 1 Karl Wendlinger la même année, l’assassinat en 2014 de la milliardaire monégasque Hélène Pastor devant l’hôpital l’Archet… et, surtout, l’attentat du 14 juillet 2016 à Nice. « Jamais je n’aurais pensé vivre cela ! Une sacrée épreuve mais on l’a surmontée. Là, vous réalisez toute l’importance d’avoir une équipe solidaire, un service bien construit au fil des années. En réa, vous ne pouvez rien faire seul. Pour l’attentat, comme pour le Covid-19, l’union fait la force. » Une conviction qu’elle ne manque pas de rappeler quand on évoque sa Légion d’honneur, reçue en 2018 : « J’en suis très fière mais ce n’est pas uniquement ma Légion d’honneur : je représente une structure, une équipe qui m’a permis d’être là où je suis. Cette distinction montre à quel point le service où je travaille depuis 30 ans compte de gens humains, de professionnels compétents au service des patients. »
Par Christine Mahé