Bastien Foucard

 

 
 archi bastien fourcade

Ci-dessus : Le projet de la Casa Fascia et son toit en pente douce décalé vers l’avant créant une terrasse ombragée.

Il a remporté le prix Villa du concours ArchiCOTE 2016 pour la Casa Alcova à Vence. Une bâtisse moderne qui habite son terrain, sans nécessairement l’aménager. Rencontre.

 

Quelles sont les constructions qui ont marqué votre vision de l’architecture ?
Lorsque j’ai fait mes études, j’ai eu des enseignants dans la continuité de l’école tessinoise. J’ai suivi ce mouvement du début à la fin de mon cursus. L’architecture du Tessin en Suisse, c’est un questionnement sur le rapport du grand paysage avec des maisons, souvent dessinées face aux montagnes et aux lacs. Penser l’objet dans son territoire y est fondamental. Nous avons aussi fait un voyage pour voir l’œuvre d’Alvar Aalto en Finlande, l’un des piliers de l’architecture moderne. J’ai été marqué par son travail sur le bois. Dans ses réalisations, on retrouve la même intention, la même énergie, de l’assemblage d’un pied de chaise jusqu’à la construction de la charpente de la demeure.

 

Parlez-nous de vos débuts dans la profession, de votre première maison…
L’une des premières a été la Casa Stretta en Italie. Nous avons travaillé sur la conception initiale de cette maison avec la décoratrice Jacqueline Morabito et l’architecte Mathieu Permingeat, puis je me suis occupé seul du développement et de la réalisation. Le corps de bâtisse principal est un rectangle de 4 mètres de large pour 25 mètres de long. C’est donc presque un mur épais. Le projet traduit cette situation de crête dans le territoire. Si on ouvre les baies vitrées des deux côtés, on est dans une maison paysage où la brise de mer vient caresser le visage. On accède à ce salon par une passerelle intérieure, avec, en dessous, une salle à manger à double hauteur sous plafond qui s’ouvre vers le ciel à travers une grande ouverture circulaire. « La fenêtre est l’un des buts essentiels de la maison », disait Le Corbusier. Cette citation est magnifique, elle guide la pensée.

 

Quelles ont été vos lignes directrices pour la Casa Alcova à Vence ?
C’est une maison de 4 niveaux, avec les grands cèdres autour qui donnent l’échelle du projet. Ce sont en fait deux carrés qui se superposent. La première figure géométrique est contrainte par la pente. Elle est superposée au plan des restanques qui entrent dans la maison en la vidant de l’intérieur. Le second volume prend librement son orientation par rapport aux vues. Ce qui m’intéresse, c’est le dimensionnement de chaque chose. Tout est dessiné, chaque épaisseur est voulue : la table comme un élément d’architecture, la fenêtre comme un meuble ou encore le garde-corps, qui exprime la fragilité d’un verre pourtant bien solide. Quand on dessine les choses, on peut choisir comment elles se passent. Ce projet est un assemblage d’ouvrages qui marquent de leur force le lieu.

 

Vous accordez ainsi pour chaque réalisation une grande importance au détail…
Oui ! Et quand je réalise des projets dans de l’existant aussi, comme pour la réhabilitation de maison que j’ai faite à Saint-Paul-de-Vence. C’était à l’origine d’anciennes étables avec de petites ouvertures. J’ai repensé le lieu comme une boîte à lumière, avec des arrivées de ventilation pour garder le lieu sein mais que l’on ne voit pas. L’éclairage se fait par un rail qui trace une ligne noire au plafond. De petites lampes délicates descendent sur les tables, auxquelles j’ai donné des formes raides et massives. Actuellement, je travaille aussi sur un projet de lotissement à Saint-Jeannet, qui apparaît néoprovençal ou contemporain selon la façon dont on le regarde. On y retrouve quatre maisons dont la Case Fascia, avec ses chambres creusées dans une restanque. Son toit carré se décale en diagonale sur l’avant de la maison. Il forme une ombre, une terrasse couverte abritée, un lieu provençal par essence.

 

Par Tanja Stojanov

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