Akaki Popkhadze

De l’ombre à la lumière

Pour son premier long métrage, le réalisateur niçois d’origine géorgienne s’est inspiré de son histoire et de la baie des Anges pour livrer un polar intense où les lumières de la Côte d’Azur contrastent avec la noirceur de l’âme humaine. Entre violence, famille et religion… rencontre avec un jeune cinéaste à la vision singulière.

Akaki Popkhadze, le réalisateur de Brûle le sang, un thriller entre crimes et rédemption, sorti en salle en janvier.

Le rendez-vous est fixé un soir de février, dans un café de la place Garibaldi, où nous attend le jeune réalisateur franco-géorgien. L’air grave, aussi imposant que charismatique, Akaki Popkhadze nous salue avec une générosité inattendue et une force tranquille. Celle des hommes qui ont traversé mille paysages sans jamais se laisser déraciner. De son enfance géorgienne à son arrivée à Nice à 14 ans, des quartiers de l’est de la ville à la scène cinématographique parisienne, il avance, porté par une assurance discrète et une vision très personnelle du cinéma.

Explorer l’image et ses limites

Son truc à lui ? Les contre-jours, les travellings avant et les plans-séquence virevoltants pour insuffler une sensation de chute imminente, une recherche constante d’équilibre. « C’est rare d’avoir un film entier tourné en très courte focale, ce qui nous permet de nous approcher à 20 cm de l’acteur, de pénétrer son intimité. » Nourri de la filmographie de Scorsese et de James Gray (Little Odessa), Brûle le sang, son premier long métrage, produit par la société cannoise Adastra Film, a été sélectionné au Festival international du film de Saint-Sébastien (Espagne). 

Sorti en salle le 22 janvier 2025, ce thriller sombre et violent se déroule dans les quartiers populaires de Nice, où un pilier de la communauté géorgienne est assassiné. Sous le soleil vaporeux de la Côte d’Azur, une vendetta d’une violence inouïe s’enchaîne, entre crimes et rédemption. Des thématiques certes récurrentes, mais traitées ici sous un prisme nouveau. « Les polars français se déroulent souvent à Marseille ou en Île-de-France, dans des milieux corses ou maghrébins. Le fait que cela se passe à Nice, dans la communauté géorgienne, c’était du jamais vu dans le cinéma français, souligne Akaki. Pour un premier long métrage, c’était confortable de tourner chez moi, au sein même de ma communauté. »

Un film local et familial

Né en 1991, à la chute de l’URSS, Akaki grandit à Moscou avant de s’installer à Nice en 2004 avec sa famille. « En tant que réfugiés politiques, nous avons bénéficié d’aides alimentaires et culturelles, ce qui m’a permis de découvrir le cinéma. » Après deux ans à l’ISEM (Institut supérieur d’Économie et de Management), il a une révélation en regardant un documentaire sur le réalisateur danois Nicolas Winding Refn. « J’ai compris que je voulais me consacrer corps et âme au cinéma. » Diplômé de l’ESRA*, il garde le contact avec de nombreux élèves de l’école et les intègre dans Brûle le sang, aussi bien en figuration que dans l’équipe technique. « Ce projet est avant tout un film local et amical. Sur les 300 noms du générique, une cinquantaine vient de l’ESRA, dont une dizaine de ma classe ! »

Un casting incandescent

Denis Lavant, Florent Hill, Nicolas Duvauchelle… pour une première, le jeune cinéaste réunit un casting cinq étoiles. Dans le rôle du mafieux niçois, Denis Lavant, premier acteur à adhérer au scénario, a consolidé le projet. « J’avais étudié son jeu à de nombreuses reprises à l’ESRA. » Quant à Nicolas Duvauchelle, « le contact a été très simple et il s’est pleinement engagé dans son rôle de composition, allant jusqu’à apprendre le géorgien en quelques semaines ». Un premier long métrage ambitieux et réussi qui annonce de beaux projets, dont une série policière qui se déroulerait à Nice. « Chaque projet est nourri des frustrations des précédents », confie Akaki, déjà en phase de repérage pour son second long métrage. À suivre de près.

Une des scènes de Brûle le sang tournée au cœur de Nice sur la place Massena.ADASTRA

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