décembre 2020

JP Racca Vammerisse

  • La céramique viscérale
  • Il y a derrière l’œuvre mis au jour par Jean-Philippe Racca Vammerisse ce combat. Celui qu’il livre dans la nuit aux prises avec la terre, parfois jusqu’à capituler et à s’endormir dans son atelier. Un combat grotesque au sens originel du terme, lorsqu’on exhumait les dessins qui ornaient les murs des villas romaines antiques et qu’on redécouvrait leurs figures mi-humaines, mi-animales, naissant dans des feuillages. L’étrangeté de la nature et celle de l’homme sont l’un des thèmes récurrents chez ce sculpteur niçois, diplômé du Pavillon Bosio et qui a fait ses armes à Paris.

 

 

 
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Il y a derrière l’œuvre mis au jour par Jean-Philippe Racca Vammerisse ce combat. Celui qu’il livre dans la nuit aux prises avec la terre, parfois jusqu’à capituler et à s’endormir dans son atelier. Un combat grotesque au sens originel du terme, lorsqu’on exhumait les dessins qui ornaient les murs des villas romaines antiques et qu’on redécouvrait leurs figures mi-humaines, mi-animales, naissant dans des feuillages. L’étrangeté de la nature et celle de l’homme sont l’un des thèmes récurrents chez ce sculpteur niçois, diplômé du Pavillon Bosio et qui a fait ses armes à Paris. De retour aujourd’hui à Monaco dans l’équipe du Logoscope, laboratoire de recherche artistique à médias multiples, il y évolue comme sur la scène d’un théâtre entre ses sculptures formant autant de silhouettes. Des céramiques polymorphes d’un haut degré technique, qui disent l’absurdité de la condition humaine dans un éclat de rire. « La conscience s’absout sous le travail de mes doigts, le bas-ventre, l’instinct et l’inconscient prennent le contrôle », témoigne le sculpteur. Le modelage de la terre réveille en effet des sensations qui vont chercher loin dans les profondeurs et chez Racca Vammerisse, la nuit est celle qui aliène autant qu’elle annonce une lumière arrachée au néant. Elle est sexuelle et féconde, un réservoir inconscient dont l’artiste extirpe des formes déliquescentes et de monstrueuses créatures qui une fois figées, teintées d’engobes et d’émail appellent instinctivement au toucher. « Ces figures démoniaques endormies mises au rebut de la normalité sont-elles repoussantes ou fascinantes ? J’aime à questionner le rapport sensible du visiteur en plaçant mes masques dans une scénographie impliquant de les regarder de plus près ». L’œuvre de Racca Vammerisse se nourrit intrinsèquement d’histoire de l’architecture et de la céramique sculpturale, à l’image de ses Crépuscules Molotov formés d’un tronc et d’un vase d’aspect artisanal rejetant un inquiétant tourbillon. « Comme les fumées noires qui noircissaient le ciel de Sarreguemines », poursuit ce démiurge, actuellement en résidence à l’Ecole d’art céramique de Vallauris et qui souhaite en créer trois versions monumentales pour le territoire azuréen. Des œuvres qui crient qu’il n’y a pas de céramique laiteuse sans le feu du four, que ces dents de faïence d’un blanc immaculé sont nées parce que sous la table, il y a implacablement ce noir charbon.

Par Tanja Stojanov – Photo Sophie Boulet

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