mars 2017

Thassalia

  • Une énergie venue des profondeurs

 

 

 
thassalia facade

Une façade mystérieuse pour protéger Thassalia.

À Marseille, l’exploitation de l’énergie calorifique contenue dans la mer, lancée par Engie à l’automne, est un véritable exemple d’innovation au service de la transition et de l’efficacité énergétique.

 

Installée sur le site du Grand Port maritime de Marseille, la centrale de géothermie marine Thassalia est la première en France et en Europe à utiliser l’énergie thermique marine pour alimenter en chauffage, eau chaude et climatisation un ensemble de bâtiments raccordés – 500 000 m² devraient l’être en 2020 – tout en réduisant de 70 % les émissions de gaz à effet de serre générées. Un réseau de 3 km dessert en énergie les bâtiments des Docks, le Calypso et l’Hermione (Euromedcenter) et le Golden Tulip. À terme, ce sont tous les immeubles situés entre la tour CMA-CGM et la cathédrale de la Major qui bénéficieront de ce service. C’est au travers de ses entités Engie Cofely, pour son expertise ther­mique, et Climespace, pour son expertise des réseaux de froid urbains, qu’Engie a conçu cette solution innovante qui répond à la vo­lonté du Groupe de concevoir des alternatives durables afin de répondre aux besoins en énergie des populations tout en préser­vant l’environnement. La partie techni­que de la centrale a été réalisée par les équipes du Groupe : Ineo et Cofely pour l’électricité, Axima et Cofely pour l’ensemble des réseaux internes. Axima a éga­lement fourni la moitié des groupes froids. Thassalia propose ainsi une solution technique, inno­vante et économe en gaz à effet de serre, qui valorise l’énergie renouvelable issue de la Méditerranée. Son principe est simple : la centrale pompe de l’eau de mer en pro­fondeur et la rejette après que des échangeurs thermiques (grou­pes froids, thermo­frigopompes, pompes à chaleur...) ont récupéré des frigories ou des calories qui seront transmises au réseau alimentant les immeubles.

 

L’avenir dans la géothermie
La géothermie marine ne fait donc qu’exploiter la différence de température entre les eaux de surface et de profondeur. En été, l’eau de mer plus froide que l’air permet un rafraîchissement. En hiver, la tendance s’inverse et la centrale génère du chauffage. Des groupes frigorifiques (l’été) et des chaufferies au gaz (l’hiver) apportent l’appoint néces­saire lorsque les différences de températures sont insuffisantes. Le coût total du projet Thassalia est de 35 M€ d’investissement, dont 7 millions ont été couverts par des aides publiques. L’intérêt du projet pilote marseillais dépasse le cadre régional puisqu’il constitue une solution énergétique durable parti­culièrement judicieuse lorsqu’on sait que la France dispose de plus de 3 800 km de littoral et que 40 % de la population terrestre vit à moins de 100 km des côtes. D’ailleurs, deux mois après l’inauguration de Thassalia, Optimal Solutions, une filiale de Dalkia (Groupe EDF), présentait Massileo (qui devrait être inauguré avant l’été). Ce réseau de 1,4 km desservira les 58 000 m² de Smartseille, le futur écoquartier high-tech du 15e arrondissement, avec la même technique de boucle thalassothermique (des canalisations immergées à 5 m de profondeur alimentant un échangeur thermique) grâce à laquelle pour 1 kW/h électrique consommé, 4 kW/h sont restitués en chaud ou froid. Les pompes délivreront dans les bureaux, les logements et l’hôtel B&B de la chaleur (entre 35 et 45 °C pour le chauffage, entre 50 et 55 °C pour l’eau chaude sanitaire) et du froid (entre 7 et 15 °C en climatisation). L’investissement global de 28 M€ sera financé à moitié par la Caisse des Dépôts à travers son programme d’Investissements d’Avenir. À terme, ce sont également 500 000 m² de locaux et bureaux qui devraient être desservis sur Euroméditerranée 2. Avec Thassalia et bientôt Massileo, Marseille se positionne aujourd’hui en pointe dans le domaine de la thalassothermie.

 

Par Maurice Gouiran
Photographie de A. Meyssonnier