juillet 2016

Yacine Aouadi

  • « 13'015 » sur les podiums
 
 YACINE AOUADI

Quel chemin ! Depuis les quartiers nord jusqu’au Grand Palais à Paris où il a présenté l’an dernier sa première collection de haute couture, le styliste marseillais expose ses créations au MuCEM et au Château Borely. Cinq chiffres, comme un hommage, une consécration.

 

Il aura fallu une décennie à Yacine Aouadi pour s’imposer dans l’univers feutré de la haute couture parisienne. Et tout de suite de clarifier l’énigmatique chiffre qui couronnait sa première collection mais qui pour tous les Marseillais signifie naturellement un arrondissement des quartiers Nord : 13015, oui, mais avec une apostrophe. « Il s’agissait de faire référence à la superstition liée au chiffre 13 et à l'année 2015. C’est aussi un clin d’œil au 15e arrondissement de la cité phocéenne et notamment à La Calade, précisément là où j’ai grandi dans une famille d'origine algérienne. Depuis aussi longtemps que je me souvienne, j'étais émerveillé par le sens du style de ma mère... ma première muse. »

 

De succès en collections
« Mes trois années d’études au Studio Berçot à Paris ont été particulièrement enrichissantes, comme une révélation sur le plan créatif, le dépassement de soi, puis j’ai intégré les ateliers de la Maison Balmain où j’ai découvert mon goût pour l'artisanat et les métiers d'Art. » Quelques années plus tard, Yacine décide de créer sa propre maison, avec une vision très personnelle de la mode. « Je n'ai pas de prédilections particulières si ce n'est que mes choix des tissus précèdent et conditionnent toujours mes créations, avant même que je commence à les dessiner. Toutefois, le noir est au couturier ce que la toile blanche est au peintre... Une base, élégante et intemporelle. La création de mode est un catalyseur, un moyen d'expression qui se nourrit de ce que vous êtes mais aussi de ce que vous faites... Par exemple, j'aime beaucoup voyager, c'est chaque fois une expérience culturelle et humaine très puissante, une source d’inspirations aussi. »

 

Un hommage à l’enfant du pays
« 13’015 » de Yacine Aouadine est actuellement exposée au MuCEM, dans le bâtiment G du fort Saint-Jean et ce jusqu’au 29 août. Une scénographie singulière présente 13 pièces de haute couture aux influences victorienne, asiatique, punk ou maghrébine, qui furent dévoilées l’an dernier dans le cadre prestigieux du Grand Palais à Paris. Dans le même temps, le Musée des arts décoratifs et de la mode, Château Borely, propose un dialogue entre les créations du jeune couturier et celles de ses maîtres. « Exposer dans un musée d'Etat, voir des affiches partout, c'est très surprenant. Une reconnaissance qui contribue à me donner confiance et à continuer sur ma lancée. » Outre sa troisième collection qu’il présentait tout début juillet à Paris, Yacine envisage de développer une ligne capsule de prêt-à-porter de luxe dans le même esprit que celui qui anime son travail en haute couture. « Cette étape nécessite des capitaux, c'est pourquoi je suis activement à la recherche d'un mécène, d'un partenaire financier. En tous cas, aujourd’hui, je mets tout en œuvre pour développer l'activité de ma Maison. C'est le projet d'une vie, auquel il faut se consacrer corps et âme. »