février 2016

Irina Ionesco

  • Sombre monde

 

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Depuis 1964, année au cours de laquelle Irina Ionesco se lance dans la photographie, la théâtralisation de son œuvre n’a cessé de puiser dans les racines familiales. Un père musicien, une mère trapéziste et elle-même, à ses débuts, tour à tour danseuse aux serpents, contorsionniste, peintre... Empreinte d’influences orientales, de culture tzigane et d’érotisme des Années folles, l’artiste distille toujours avec une précision extrême sa vision du monde nimbée d’une atmosphère sombre et lascive qui caractérise chacun de ses clichés. Clichés qui parcourent les capitales depuis les années 70.

 

Au cœur d’une saga judiciaire l’opposant à sa fille Eva, puis à son gendre, l’écrivain Simon Liberati, qu’elle n’a d’ailleurs jamais rencontré, Irina Ionesco reconnaît sans s’émouvoir que son œuvre photographique est controversée, jugée scandaleuse parfois. « Et alors ? Ça ne me gêne pas. Il est fréquent qu’un artiste ne soit pas compris. Dans mon travail, je retranscris ma vision du monde, ce que j’en perçois et qui, souvent, transpire l’inconscient collectif. Évidemment, il y a aussi mon éducation, mes voyages, notamment ceux en Égypte qui m’ont profondément marquée, certains écrits. Je plonge dans la vie, la mienne mais aussi dans toutes celles que j’observe autour de moi. En définitive, personne ne se ressemble, les empreintes sont uniques. Et c’est tout cela que j’immortalise dans la pellicule. »
« C’est vrai je photographie essentiellement des femmes, à quelques exceptions près pour la mode, sans doute ce sont là des miroirs, une question psychanalytique. Et peut-être même la recherche de ma mère. Oui, j’ai été élevée en Roumanie par ma grand-mère. »


Quant à son univers très personnel, Irina le décrit volontiers empreint d’obscurité, de lieux clos, de chambres à coucher, d’antichambres et de boudoirs. Un érotisme auréolé d’un voile de mystère et paré de décors sulfureux, chargés de noir et de rouge, de bijoux, de dentelles qui magnifient des attitudes, des poses lascives, des maquillages profonds sur des peaux blanches. On est bien là au cœur du travail d’Irina qui, notez-le bien, exposera à la galerie Reflex à Amsterdam de février à avril 2016 une série de photographies vintage et inédites réalisées dans les décennies 70 et 80. Pour le plaisir d’explorer encore son étonnant monde sombre.

 

21 mai 1965 : naissance de ma fille Eva

1968 : La révolution et moi, premières grandes œuvres photographiques

1996-1999 : Voyages en Égypte et travaux sur la Cité des Morts.

 

Par Louis Badie
Photographie- Portrait de Malika Mokadem