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PORTRAITS

Ils sont artiste, cheffe étoilée, designer ou apiculteur, pilote automobile ou créatrice de mode. Leur point commun ? Ces personnalités glamour ou au cœur de la vie culturelle, économique et sociale régionale sont les moteurs de l’actualité azuréenne. Découvrez sans filtre le témoignage de leur parcours, leurs rêves, leurs ambitions et leurs projets à venir.

janvier 2015

Marian Adreani

  • Et sa famille imaginaire
 
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1989 : ma naissance.
1991 : ma seconde naissance (adoption).
2014 : mon expo au Louvre.

 

Les photos m'ont accompagné depuis mon plus jeune âge. Sans doute parce qu'elles constituaient la preuve que j'existais vraiment, que j'avais une famille. Une évidence pour chacun d'entre vous, certes, mais pas pour un Tzigane, né en Roumanie, un Rom abandonné à la naissance et adopté à l'âge de deux ans. J'ai forgé ma culture en découpant les photos des magazines et commencé la photographie assez tôt, à treize ans, avec ma famille, avec la rue. Je n'ai jamais trouvé ma place sur les bancs des écoles ou de la Faculté d'Arts Plastiques. J'ai appris en copiant ceux que j'aimais, en travaillant, car je suis un pur autodidacte. J'avance donc à mon propre rythme, avec lucidité. Je n'exprime que ce que je ressens profondément. J'ai découvert la force de l'image en traînant dans les cinémas d'art et d'essai. Est-ce pour cela que je suis devenu familier des stars créatrices, celles que je mets en scène sans complaisance ni sensiblerie ? Les Lynch, Trintignant, Lacroix, Bertolucci, Almodovar, Polanski et consorts constituent la mythologie du XXIe siècle. Je ne soumets jamais ces personnalités au traitement de faveur auquel elles sont habituées. Un photographe de 25 ans se doit de rechercher autre chose. Mes modèles ont des rides, des pores dilatés, des imperfections du visage comme tous les gens de leur âge. Effacée l'image de leur supériorité sur le commun des mortels… Lisez donc dans leurs yeux l’étonnement, la curiosité, l’incertitude. En mêlant les portraits de ces célébrités à ceux de ma grand-mère, de marginaux, de sans-papiers ou d'enfants roms, en rapprochant membres réels et fictifs, je me suis fabriqué une généalogie factice, une famille de substitution. En somme, je ne suis qu'un artisan qui connaît des moments de poésie, qu'un disséqueur de visages qui exploite volontiers l'intemporalité du noir et blanc et l'omniprésence de la lumière naturelle. Surtout de celle du Sud.

Exposition « Portraits »
Marian Adreani à la galerie Hegoa
Du 12 février au 21 mars 2015
16 rue de Beaune, 75007 Paris

 


Par Maurice Gouiran

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