mai 2015

Laurent Puons

  • Sortir le festival de sa confidentialité
 
 laurent puon

 

Pour la 55e édition du Festival de Télévision de Monte-Carlo, ce grand rendez-vous consacré au petit écran promet plus de stars, plus d'événements et plus de proximité avec le public ! Une volonté initiée il y a 3 ans par son vice-président délégué, Laurent Puons.

 

COTE : Pour cette nouvelle édition, la volonté de s'ouvrir à un public plus large semble porter ses fruits ?
Laurent Puons : En effet ! Depuis 3 ans, nous mettons en place une stratégie pour sortir le festival de sa confidentialité et l'ouvrir davantage au public. Par exemple, pour la composition des différents jurys, nous faisions appel jusqu'en 2012 à des personnalités bénéficiant d'une renommée internationale, mais une renommée qui était acquise seulement auprès des professionnels du secteur... Ainsi, en accord avec le prince Albert II, président d'honneur du festival, nous avons ouvert la sélection à des acteurs et producteurs connus du grand public, comme Patrick Duffy, qui présidera cette année le jury qui décerne les Nymphes d'or de la catégorie Séries TV, ou encore Eric Close, qui s'est notamment illustré dans American Sniper, le film de Clint Eastwood nommé aux Oscars, choisi comme président du jury Films de Télévision. Précédemment nous avions eu Jean-Marc Barr, Rosanna Arquette, Jane Seymour, Christophe Lambert ou Tchéky Karyo.

 

Ces acteurs sont avant tout connus pour leur carrière dans le cinéma...
Oui, car c'est la tendance. Aujourd'hui, de plus en plus d'acteurs, de pro­ducteurs et de réalisateurs issus du 7e art interviennent dans les séries : Kevin Spacey, Ridley Scott, Luc Besson, Tom Hanks... Ce n'était pas le cas il y a encore quelques années, où les deux univers étaient vraiment séparés. Je ne serais pas surpris qu'un Brad Pitt ou un Tom Cruise fasse une série !

 

C'est un phénomène intéressant pour un festival qui permet une vraie proximité avec les stars.
Oui, et c'est l'une de nos forces. D'ailleurs, toujours dans cette volonté de nous ouvrir de plus en plus au public, nous organisons cette année davantage d'événements qui lui sont destinés. Par exemple, nous avons augmenté le nombre de séances de dédicace, mais celles-ci concerneront de plus des séries de première ampleur.

 

Cette montée en puissance concerne aussi la compétition elle-même ?
Nous avons fait le choix de réduire le nombre de programmes en compétition. Auparavant, il y en avait entre 9 et 12 par catégorie. Il était donc assez difficile pour nous d'inviter les talents principaux de chaque série. En revanche, avec 5 ou 6 nominés, nous sommes en mesure d'avoir un beau panel de vedettes et, bien sûr, des programmes figurant parmi les blockbusters du moment. L'année dernière, nous avions invité Jerry Bruckheimer, l'un des producteurs les plus prolifiques de l'histoire de la télévision et du cinéma, pour lui remettre une Nymphe d'honneur en hommage à l'ensemble de sa carrière. Qu'il ait accepté est, pour nous, est une belle reconnaissance.

 

J'imagine que vous êtes fan de séries !
Elles ont un pouvoir addictif incroyable. Rater un match de foot, même si vous êtes supporteur, ça passe... Mais manquer un épisode de votre série préférée, c'est intolérable ! La première fois que j'ai regardé Walking Dead avec mon épouse, elle m'a dit : « On ne va pas pouvoir regarder des zombies pendant toute une série entière ! » Ça fait maintenant 5 saisons que nous sommes accros !

 

C'est un format qui a largement gagné ses lettres de noblesse...
Je l'ai dit, il n'y a plus de frontière entre l'univers du cinéma et la série télévisée. Les investissements ne cessent de progresser et le public est de plus en plus nombreux. À titre d'exemple, Game of Thrones draine à chaque épisode 12 millions de spectateurs. C'est énorme ! C'est une véritable mutation du genre et, d'une manière générale, c'est l'ensemble de la télévision qui est concernée.

 

Que pensez-vous de l'arrivée des plates-formes digitales ?
Dans les deux ou trois prochaines années, avec le développement de nouveaux services comme Netflix et la multiplication des écrans, smartphones, tablettes et ordinateurs, je pense qu'on va assister à une révolution dans notre manière de regarder la télé. Cette année, nous proposons justement pour la première fois un rendez-vous destiné à analyser l'essor de cette tendance et de ce marché. Baptisé CNE, pour Content Multiscreen Experience, ce rendez-vous proposera des conférences, des tables rondes, des key notes...

 

Le marché a donc un bel avenir devant lui ?
Oui, et c'est pour cette raison que nous ne devons pas rater le coche ! Mon objectif dans les cinq prochaines années est que le Festival de Télévision de Monte-Carlo devienne le pendant de Cannes pour la télé. Le jour où le boulevard Princesse-Grace, qui borde le Grimaldi Forum, où se déroule la manifestation, sera noir de monde comme la Croisette, nous aurons gagné notre challenge !

 

Par Alexandre Benoist