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De la création de produits originaux aux nouvelles technologies de l’information et la communication, les entreprises azuréennes sont un véritable atout de la région. Economie, banque, immobilier, urbanisme, architecture… cette rubrique se place au plus près des initiatives et transformations de nos villes. Ici, le concours ArchiCOTE vient également tous les ans récompenser les projets d’architectes les plus engagés et inscrits dans leur territoire.

juin 2018

Combas

  • Le génie du lieu comme seule inspiration

 

 

 
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Sophie Delage, Mathieu Grenier et Pierre Le Quer, trois talents complémentaires. 

L’agence doublement lauréate du concours ArchiCOTE 2017, figurant au palmarès de la session 2018 des Albums des Jeunes Architectes & Paysagistes, défend une architecture hors mode.

Pourquoi architecte ?
Sophie Delage – Pour ne pas être ingénieur informatique comme la majeure partie de ma famille… et exercer un métier passion !
Mathieu Grenier – Pour moi, la question ne se posait pas car je suis née dans une famille de six architectes. Mais on me l’a toujours interdit sous prétexte que ce n’était pas un métier enviable aujourd’hui. Un métier fait de rêves et de belles idées, mais surtout de combats difficiles…

D’où le nom de votre agence « Combas » ?
S. D. – Un peu ! Mais en fait, c’est surtout le nom du village qui nous a fait confiance il y a six ans et nous a donné notre chance pour notre premier projet, une petite école maternelle sur la place. Ça nous rappelle d’où on vient.

Avec Pierre Le Quer, vous formez un trio aux compétences complémentaires…
S. D. – Oui, il faut être différents pour se compléter. Pierre a fait une formation en design d’espace avant de devenir architecte. Mathieu s’est spécialisé en urbanisme et stratégie et moi en bâtiment parasismique, car j’aime les questions techniques et de structure. On embrasse ainsi des échelles et regards différents, puisque nous travaillons ensemble sur les projets afin d’apporter chacun notre vision.

C’est ce qui explique vos deux prix ArchiCOTE en 2017 ? *
S. D. – Nous privilégions cette approche complémentaire plutôt que de favoriser, répéter ou mettre en avant un savoir-faire technique particulier. Sur un projet comme le refuge, c’est Pierre qui apportera sa spécificité, alors que sur une échelle plus grande liée à l’emménagement urbain, comme le bâtiment de 25 logements, ce sera plutôt Mathieu.
M. G. – Nous avons certes chacun nos particularités mais nous recherchons tous les trois la même chose et sommes conduits par un objectif commun que l’on peut résumer avec la célèbre formule de Vitruve : Firmitas, utilitas, et venustas. C’est-à-dire produire une architecture pérenne, utile et belle.

Une architecture intemporelle en somme...
S. D. – Oui. C’est avant tout le site lui-même qui va nous inspirer, son histoire, ses matériaux... Nous partons presque d’une architecture sans architecte, volontairement vernaculaire, paysagère. L’inspiration est partout et le point de départ d’une tour peut très bien être un simple mur en pierre.

C’est ce « génie du lieu » qui a conduit par exemple votre projet au Domaine de Beaucastel, à Châteauneuf-du-Pape ?
M. G.  – Pour la rénovation du chai, nous avons effectivement fait le choix de construire avec la terre de Châteauneuf-du-Pape, afin de proposer un bâtiment capable de transcender le matériau. Pour nous, ce dernier est porteur de sens. C’est un engagement, pas juste un prétexte à faire une belle matière.
S. D. – Il y a la référence historique qui nous plaît mais aussi le fait de s’inscrire dans une démarche écologique. Utiliser un matériau disponible sur place permet de réduire l’impact environnemental lié au transport, de même que réinvestir les déblais dans la construction au lieu de les déplacer.

Cette notion d’impact environnemental est importante pour vous ?
M. G. – Oui, bien sûr, mais encore plus le rôle de l’architecte en tant que prescripteur dans une société en pleine mutation. En matière d’impact carbone ou de dépense énergétique, nous avons notre rôle à jouer. Cependant, on ne pourra le faire qu’en créant de bonnes conditions pour agir, c’est-à-dire en faisant preuve de souplesse et d’agilité, sans tomber dans une radicalité absolue et fanatique, afin de porter ce changement. Une démarche fondamentale pour nous. C’est ce que nous souhaitons vraiment tous les trois construire pour l’avenir.

Par Alexandre Benoist

 

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