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De la création de produits originaux aux nouvelles technologies de l’information et la communication, les entreprises azuréennes sont un véritable atout de la région. Economie, banque, immobilier, urbanisme, architecture… cette rubrique se place au plus près des initiatives et transformations de nos villes. Ici, le concours ArchiCOTE vient également tous les ans récompenser les projets d’architectes les plus engagés et inscrits dans leur territoire.

juillet 2016

Maillane Bro

  • « L’architecture est porteuse d’émotions »
 
 maillane bro


Elle a décroché le prix Projet étudiant du concours ArchiCOTE 2015 pour son Centre d’interprétation du paysage. Focus sur la démarche de ce talent prometteur, nouvelle génération.

 

Réalisé dans un cadre scolaire pour finaliser cinq années d’études, le projet de Maillane Bro est avant tout le fruit d’une recherche, autour des points clés de l’architecture. L’espace sur lequel il lui était proposé de travailler s’étire entre la ville de Menton et le petit village de Latte en Italie, là où les Alpes semblent se jeter dans la mer. « Une fois la frontière française franchie, le changement est saisissant, témoigne l’étudiante à l’École nationale supérieure d’architecture de Marseille. On découvre un paysage agricole souligné par le dessin des restanques. Menton devait ressembler à cela autrefois, avant l’essor du tourisme et la spéculation foncière. » En sillonnant ces terres, cernées par la montagne pressante et la Méditerranée qui se déroule à l’horizon, Maillane découvre un éperon rocheux sculpté par les vents près de Grimaldi. Premier émoi, celui qui met l’esprit en mouvement. Elle a alors envie de voir naître ici, un Centre d’interprétation du paysage. « J’ai choisi au cours de ma scolarité le pôle de formation intitulé La Fabrique, poursuit-elle. Il mettait en avant les lieux, la matière et le travail sur maquette, des éléments qui ont été déterminants dans ce programme. »

 

Le paysage et sa préservation
Pour Maillane Bro, l’architecture doit transmettre cette excitation ressentie au spectacle du monde. « Je suis partie d’abord du volume avec une maquette, avant de faire mes dessins en deux dimensions. L’idée était de créer comme un nouveau bout de montagne. » Elle imagine ainsi une forme géométrique simple et pure pour ce centre, dans une quête d’évidence entre le bâtiment et le site. Une pièce porteuse d’ordre installée sur la proue de la colline, destinée à accueillir un laboratoire de recherche et des expositions. Et très vite, elle pense un ensemble plus complet, en proposant d’ajouter dans la carrière voisine des hébergements, des ateliers d’artistes et des aires de stationnement pour les visiteurs. Influencés par la topographie des lieux, ces deux pôles forment une toute nouvelle scénographie paysagère. Dans cet environnement réinventé, ils permettent un regroupement d’acteurs, offrant un regard croisé sur la Méditerranée.

 

Calme, stabilité et lumière
« L’une de mes particularités est que j’accorde aussi une place privilégiée aux cheminements », poursuit l’étudiante. Les deux volets du projet font la part belle à l’horizontalité et à la verticalité, et sont reliés par un parcours spécialement aménagé pour le piéton. Plus encore, l’ensemble du programme est pensé comme un lieu de déambulation avec un système de structuration des vues. Ici, chaque coin protégé du soleil devient un abri, l’étudiante jouant sur l’ombre et la lumière, la masse et le vide. Dans une société marquée par la vitesse, elle propose une nouvelle temporalité sur ce bout de terre façonné à travers les âges. L’architecture des bâtiments révèle le contraste entre l’aspect minéral de la roche, l’étendue de la mer et l’immensité du ciel. Ils sont les matières de ce projet, qui s’inspire des éléments de l’identité du site, et relie aussi fortement l’homme et la nature.

 

Architecte diplômée d’État après cinq années d’études à l’École nationale supérieure d'architecture de Marseille, elle termine actuellement sa 6e année au sein de l’établissement. Elle cite volontiers parmi ses influences la lignée portugaise, avec Fernando Távora, Álvaro Siza Vieira et Eduardo Souto de Moura, mais aussi l’architecte suisse Peter Zumthor qui a su réinventer une multitude de matières.

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