Assis derrière son grand bureau en bois verni, le PDG de Malongo – qu’il dirige en bon père de famille depuis 1980 – nous reçoit avec sa bonhomie naturelle. Si son espace de travail est resté intact depuis notre entretien en 2003 – affichant les photos de ses nombreux voyages – lui continue, plus optimiste que jamais, à faire évoluer l’entreprise azuréenne, pionnière du café bio et équitable ! En véritable visionnaire, il lançait, il y a tout juste 20 ans, l’iconique boîte de café des petits producteurs, désormais leader sur le marché de la grande distribution. Aujourd’hui, Malongo importe près de 4 000 tonnes de café certifié, multipliant les coopératives dans les quatre coins du monde. À 70 ans, cet homme de conviction constate, avec regret, à quel point le système économique actuel a montré ses limites. « En 2014, nous avons pu constater les premiers effets du dérèglement climatique sur certaines zones d’Amérique centrale. Une coopérative mexicaine a vu ses caféiers détruits à 95 %. Nous sommes intervenus très rapidement en finançant la replantation de 4 millions d’arbres, qui commencent tout juste à donner leurs premières cerises de café. C’est un équilibre fragile. Si l’on veut garder des paysans dans les montagnes et des produits de qualité, il faut repenser le système ! » Ce qu’il s’efforce de faire « la foi chevillée au corps », comme il aime à le dire. Après le lancement de ses doses en papier recyclé, les seules sur le marché, ou encore sa machine Ek’Oh, 100 % française et réparable à vie, Jean-Pierre Blanc a encore plus d’une idée dans ses tiroirs. « Nous sommes en train de développer des coffee-shops à la française un peu partout dans le monde afin de rendre hommage à notre art de vivre et faire rayonner la Côte d’Azur. D’autres projets sont en cours, mais je n’en dirai pas plus. La concurrence est rude dans notre milieu. » Le cœur sur la main et avec le sens du partage, Jean-Pierre Blanc n’en reste pas moins un businessman aguerri. Et si c’était cela le secret de la réussite ?
Par Marjorie Modi
Photo Jean-Michel Sordello