PORTRAITS

Il y a dix ans, nous avions rencontré Anne et Bertrand Vignes à Nice, rue Eugène-Philibert, où ils avaient ouvert leur Atelier du Croco. Aujourd’hui, nous les retrouvons sur « le plus beau spot de Nice », selon Bertrand, c’est-à-dire le cours Saleya, où ils sont installés depuis trois ans. Si au départ cette échoppe était conçue comme un atelier-boutique, où Bertrand pouvait notamment réaliser devant le client les bracelets-montres sur mesure qui ont fait sa réputation, faute de place, la fabrication a été « délocalisée quelques rues plus loin », libérant ainsi de l’espace pour développer une formule « concept store ». Bien sûr, l’ADN maison est conservé : clin d’œil ethnique en signature, recherche de matériaux de haute qualité provenant des plus prestigieuses tanneries de France et exercice d’un savoir-faire affûté auparavant dans de grandes maisons comme Weston et Lobb. Quoi de neuf alors ? Un prénom suffit pour répondre à cette question : Emma. Du haut de ses 23 ans, elle est bien dans son époque, bien dans son métier – elle est Compagnon du Devoir – et bien dans sa famille car elle est la fille du couple Vignes. « Elle apporte une vision plus contemporaine et plus urbaine », précise Bertrand. On lui doit par exemple le sac à dos Kudu, disponible dans une version Raw en antilope pour aven­turier des villes ou en taurillon nubucké, plus sophistiqué. Une démarche qui ouvre aussi la voie à d’autres créateurs cultivant les mêmes valeurs d’excellence, le même amour de la tra­dition au service de la création. Citons les bijoux en textile injecté de silicone de Tzuri Gueta ou les écharpes au crochet de Sophie Digard. Sans oublier, celle qui est maintenant une vraie complice, Lazarine. « Une artiste qui travaille avec nous depuis longtemps et dont les broderies para­chèvent certains sacs ou pochettes. » Un exemple parfait qui illustre la dyna­mique qui anime cette famille : « Qu’elle soit petite ou grande, ici, il y a toujours une idée ! »

Par Alexandre Benoist

Photo Jean-Michel Sordello