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PORTRAITS

Ils sont artiste, cheffe étoilée, designer ou apiculteur, pilote automobile ou créatrice de mode. Leur point commun ? Ces personnalités glamour ou au cœur de la vie culturelle, économique et sociale régionale sont les moteurs de l’actualité azuréenne. Découvrez sans filtre le témoignage de leur parcours, leurs rêves, leurs ambitions et leurs projets à venir.

septembre 2017

Caroline Scheufele

  • « L’écoconception est l’avenir de la haute joaillerie »

 

 

 
 Chopar Caroline 1

 Caroline Scheufele photographiée par Gil Zetbase lors du 70e Festival de Cannes.

Partenaire officiel du Festival de Cannes, fer de lance de l’or éthique, la coprésidente de Chopard a réussi à positionner la marque suisse comme l’une des plus grandes maisons de haute joaillerie.

 

COTE : L’année 2017 est celle d’un double événement : la 70e édition du Festival de Cannes et les 20 ans de votre collaboration. Comment tout a commencé ?
Il y a vingt ans, nous venions d’ouvrir une boutique sur La Croisette, juste en face du Palais. J’ai toujours été amoureuse du cinéma et je voulais participer activement à ce festival que je considère comme le plus grand du monde. J’ai donc rencontré Pierre Viot, qui à l’époque était le directeur du festival, dans son bureau à Paris pour lui faire des propositions quant à un possible partenariat. Et je suis repartie avec la Palme d’Or sous le bras !

 

Pourquoi le directeur du festival vous a-t-il confié la Palme d’Or ?
Il avait dans l’idée de la restyliser, car son design n’avait pas changé depuis cinquante ans. Je lui ai dit que mon métier n’était effectivement pas d’organiser des soirées VIP mais de dessiner des bijoux. Il m’a donc confié la Palme d'Or, qui était posée sur une étagère derrière lui. Je ne m’y attendais absolument pas et c’était incroyable de repartir avec.

 

Quand avez-vous lancé la collection Red Carpet ?
Nous avons créé des pièces uniques et exceptionnelles pour le festival dès 1997, avec l’idée qu’un jour nous lancerions une collection à part entière à cette occasion. C’est ce que nous faisons maintenant depuis dix ans. D’où son nom, Red Carpet, en hommage au tapis rouge évidemment. Le nombre de parures de haute joaillerie correspond à l’année du festival. Pour le 70e anniversaire, nous avons donc imaginé 70 pièces.

 

Quelle en est l’inspiration ?
Si les collections sont toutes différentes d’une année sur l’autre, je respecte toujours deux sources d’inspiration. La femme, ou plutôt les femmes du globe, en l’occurrence les actrices, avec toutes leurs différences : âge, personnalité, couleur de cheveux, posture, style... Puis la pierre que nous allons utiliser, comme de belles émeraudes ou de beaux diamants, en se rapprochant le plus de l’idée d’un d’arc-en-ciel très coloré.

 

La couleur est justement une idée forte de la collection créée avec Rihanna...
Oui ! Cette année, nous avons décidé de lancer une collection capsule avec la chanteuse. Un collier inspiré par son pays natal, la Barbade, très haut en couleur et un peu bohémien.

 

Parlez-nous de la collection Green Carpet...
Il y a six ans, j’ai rencontré l’épouse de l’acteur Colin Firth, Livia, qui est très sensible au développement durable. Elle m’a fait remarquer que s’il existait bien une mode éthique, les grandes maisons de joaillerie, elles, n’utilisaient pas de l’or éthique. J’ai alors partagé cette idée avec mon frère et comme nous sommes une société 100 % familiale, cette démarche, au-delà de correspondre à notre propre vision, pouvait être plus facilement mise en place que dans un groupe.

 

Vous avez choisi d’utiliser de l’or Fairmined et des pierres Gemfields ?
Absolument. Cet or et ces pierres certifiés sont extraits de mines qui ont mis en place une série de mesures destinées à la fois à minimiser leur impact sur l’environnement mais aussi à assurer au personnel un revenu fixe et régulier, de manière à lui permettre d’organiser une vraie vie de famille, par exemple en envoyant ses enfants à l’école. Nous nous approvisionnons dans la première mine du genre au Botswana.

 

Cela représente une grande partie de votre production ?
Au départ, nous n’utilisions que 50 kg par an, mais aujourd’hui nous sommes passés à 300 kg. Cet or bénéficie d’un traitement très particulier dans nos ateliers. Il n’est jamais en contact avec un métal non Fairmined. Ce sont des procédures complexes à mettre en place mais tous les employés ont compris l’importance de cet enjeu.

 

Cet enjeu... ?
Oui, car il s’agit de la préservation de notre planète, du respect des êtres humains, mais aussi de conférer une valeur ajoutée et du sens aux parures que nous créons. Pour nous, l’écoconception est l’avenir de la haute joaillerie. J’espère que l’Europe mettra en place dans un futur proche les mêmes règles que celles qui sont déjà appliquées au secteur de l’industrie.

 

Par Alexandre Benoist

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