Il y a quelque chose de fascinant à créer à partirde rien, à définir soi-même les règles et les limites d’une œuvre », s’enthousiasme MathieuSchmitt. Cet artiste plasticien est installé dans les ateliers du 109 à Nice et représenté par la galerie Catherine Issert. En geek passionné de nouvelles technologies, il aurait très bien pu passer sa vie à faire des lignes de code, après ses études en génie des télécommunications, réseaux et en systèmes multimédias. Seulement voilà, en 2004, il s’inscrit à la Villa Arson et en sort diplômé en 2009. « Cela m’a ouvert les yeux », explique ce pessimiste souriant, qui a mis depuis lors la mécanique et la technique au cœur de sa pratique artistique. « J’intègre toujours un élément que je ne contrôle pas, pour être surpris moi-même. J’adore me mettre face à un problème et essayer d’y apporter la meilleure réponse. »Dans l’univers de Mathieu Schmitt, les plantes vertes sont capables de contrôler leur propre ambiance lumineuse, d’écrire de courts poèmes en mode cadavre exquis et même de faire de la gravure sur verre. De petites lanternes éclairent des dioramas mettant en scène des mobiliers urbains altérés par l'informatique, tandis que des robots entament un dialogue fascinant, comme une danse de l'amour. Si le concret, la logique et les sciences sont à la base de l’œuvre de ce plasticien, il les détourne pour mieux en jouer. L’erreur, le bug, le glitch deviennent alors un processus de création à part entière, qui nous invitent à changer de regard.
Par Tanja Stojanov — Photographie Jean-Michel Sordello